L'histoire :
Jadis, ce monde était gouverné par la magie… puis un cataclysme se produisit, qui arrêta toutes les machines, laissa le monde en ruine et réduisit tous les pouvoirs au simple « verse », sorte de magie en sommeil. 372 ans après le début de ce nouveau monde, un apprenti forgeron prénommé Nieles annonce à son père qu’il a décidé de quitter Braewrock, le village où ils vivent, pour aller perfectionner son art de la forge dans la grande ville de Maidenstone. Compréhensif, son père le laisse partir, bien que Nieles soit son dernier fils, après la mort d’Arran. Nieles se met en route avec la vieille jument Ash. Mais quelques heures après le départ, alors que Nieles est déjà un peu perdu dans une brume, il croise un étrange voyageur portant un large chapeau. Pour l’aider, ce dernier lui « grave » un plan dans la main en récitant un verse. Nieles poursuit son chemin ainsi jusqu’au soir. Il se pose pour camper contre une grosse pierre, puis récite le verse pour réactiver la carte dans sa main. Mais à ce moment, un éclair jaillit du médaillon qu’il tenait en main et une jeune fille apparaît inanimée sur le sol. Nieles est abasourdi. Il s’approche de la fille qui se réveille et il prend peur. En effet, la jeune femme a des cornes rouges. Elle doit forcément être un « vel », autrement dit une menace ultime. Mais elle parle, elle semble perdue et n’a plus aucun souvenir. Nieles range donc son couteau, dit s’appeler Fife et essaie de comprendre et d’aider celle qui dit s’appeler Neitya…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’autrice canadienne Sam Beck a commencé Verse comme un webcomic, un format dont elle était très fan. Et puis, au gré des pages qu’elle dessinait, son projet a pris corps, son univers a révélé des fondations de fantasy à la fois cohérentes et en même temps rafraîchissantes pour le genre. La série était lancée. Les bases reposent certes sur des standards courants en matière de fantasy : un talisman déclenche un pouvoir ; un élu embrasse un destin qui le dépasse ; des ennemis tentent de réveiller une magie ancienne en sommeil et ils utilisent des démons ; une jeune amnésique reconstitue progressivement le puzzle de sa nature, qui s’avère très puissante. On est parti pour une saga au long cours, dont la traduction du second recueil (4 chapitres par volume, comme autant de fascicules) est promise par Komics Initiative pour juin 2023. Pour leur absence de malignité, leur solidarité et leur volontarisme, le couple de héros est attachant. On s’attend plus ou moins à ce qu’une idylle naisse… On peut aussi s’amuser à traduire les glyphes qui servent d’incantation pour le verse : l’alphabet est décodé en début de volume. Légèrement inspiré du manga, le dessin se révèle certes académique et un peu convenu, mais il est sérieusement déroulé et régulier. Il montre aussi une certaine marge de progression lors des séquences d’action, souvent un peu confuses (au niveau des mouvements et du découpage). Les amateurs de fantasy peuvent néanmoins investir : les bases convaincantes de cette saga en font une sympathique promesse.