L'histoire :
Joe, jeune papa, vit avec sa femme Nicole et leur bébé. Lui enchaîne les heures dans une pizzeria de la ville, mais il a du mal à sortir de son addiction à l'alcool, seul bien être qu'il croit trouver pour résister à la pression de cette nouvelle vie. Cela ne s'arrange pas le jour où sa belle-mère, junkie et se séparant de son dernier mec, débarque dans leur foyer. Tandis que Joe accumule les impairs au boulot, il va tomber encore plus bas le jour où, ayant été laissé seul par Nicole, parti en avion pour rendre visite à sa sœur, celui-ci est témoin, complice et victime d'un drame mettant en cause sa belle-mère. Seul un miracle pourrait encore le sauver...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Noah Van Sciver est un auteur alternatif américain ayant déjà une bibliographie intéressante de nombreuses fois primée. En France, c'est avec La trilogie Fante Bukowski qu'il a été popularisé dès 2015. Depuis, l'éditeur belge l'Employé du moi se fait fort de proposer les publications complémentaires, dont ce St Cole, traduit par Le Bord du gouffre. Si l'on peut s'interroger sur le titre même de l'ouvrage original, qui pourra paraître obscure à qui n'aura pas eu la VO sous les yeux, précisons juste, comme l'indique l'auteur, et dans trop déflorer l'histoire, qu'à un moment, un personnage prononce la phrase « A Sink Hole ! » qui, mal compris en anglais, peut s'interpréter par « Saint Cole ». Une fois passé ce détail linguistique, précisons que le trait de l'auteur a encore évolué depuis ce récit, mais que ce noir et blanc de 2015, très hachuré, aux formes parfois un peu tordues, possède néanmoins une force d'évocation évidente. Sa présentation sous forme cartonnée renforce son attrait graphique. Noah Van Sciver délivre un récit dramatique où les scènes violentes s'enchaînent, laissant peu d'espoir à ses protagonistes. Il montre la lose, l'alcool, la drogue dure, le désespoir, comme rarement, ou alors chez ses contemporains Jason Little (Borb), ou Simon Henselmann (Meg & Mogg). Cette propension à détailler la misère n’est d’ailleurs pas si surprenante venant d'un auteur ayant grandi dans une famille de mormons, et s'intéressant à cette culture au point d'en faire le sujet de récits dans certains de ces livres. (One Dirty Tree, ou la vie de Joseph Smith, en courts et à paraître.) C'est justement et sans doute pour nous montrer cette faculté à traiter autant de sujets bucoliques (Johnny Appleseed, Revival 2020), que plus ironique (Fante Bukowski) ou dramatiques, que l'Employé du moi adapte parmi d'autres titres de l’auteur celui-ci en particulier. Une aubaine pour qui l'apprécie, accompagné au niveau agenda de Mon aventure torride, (My Hot Date, Kilgore books 2015), mini comic de 40 pages autobiographique, objet d'une contribution participative, donnant à voir le côté humoriste et clownesque de l'auteur. Un conseil avant que ces deux ne soient épuisés : achetez-les groupés !