L'histoire :
En 2011, rien ne va plus : les tensions au Moyen-Orient n'ont jamais été aussi fortes et le gouvernement américain, dirigé par John McCain, ne semble pas étranger à cela. Aux USA, Jimmy Burns tient un blog sur lequel il aime parler des injustices sociales où les grandes firmes tiennent un rôle prépondérant. Un jour où il essaie de réaliser une vidéo transférée en direct sur le net, une explosion a lieue à côté du café où il se trouve. Quasiment indemne, il se relève et décrit tout ce qu'il voit sans savoir si sa caméra marche encore, aidant même des blessés. Global News, une grosse chaîne d'information en continue, décide de diffuser le reportage de ce jeune amateur, ce qui en fera une vedette durant plusieurs semaines. Sa liberté de ton et son énergie vont convaincre la chaîne de l'engager et de l'envoyer au front d'une guerre qui dure depuis trop longtemps, celle d'Irak. Arrivé là-bas, Jimmy découvre que la réalité est bien pire que celle racontée par les médias. Il se fait même capturer par un groupuscule terroriste, le début d’un long périple aux allures de calvaire.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l'origine publié directement sur internet avant de se voir éditer en album, Shooting War a su faire parler de lui grâce à un scénario pour le moins surprenant. Le postulat est éminemment réaliste : entre les tensions internationales, le fanatisme religieux, la manipulation des médias et l'élection de John McCain ( ! ), tout est fait pour faire paraître cette réalité alternative crédible. Le ton est bien sûr très sérieux, la violence est omniprésente, certaines scènes sont d'ailleurs déconseillées aux plus jeunes, tant elles sont parfois très explicites. La scène de la décapitation en est un parfait exemple. Heureusement, le personnage principal, Jimmy Burns, est plutôt sympathique et apporte une dose de légèreté à l'ensemble, grâce à certaines répliques ne manquant pas de piquant. Le scénario d'Anthony Lappé est bien mené, son propos reste cohérent à chaque instant, son récit est (trop ?) dense, les rebondissements réguliers et bien trouvés. Shooting War pourrait rappeler aux amateurs de comics la série DMZ qui s'en rapproche sur plusieurs points : un journaliste cherchant à tout prix à réaliser des scoops en zone en guerre, un climat d'instabilité permanent… Shooting War conserve toutefois un aspect d'avantage documentaire contrairement à la tonalité plus grand spectacle de DMZ. Dan Goldman, au dessin sur cet album, fournit un travail étonnant mélangeant dessins, photographies et divers montages. Même si le résultat aurait gagné à être plus fin, l’ensemble reste lisible. Ce one shot est une vision passionnante de l’avenir à court terme qui, on l'espère, au regard de la vision assez pessimiste des auteurs, ne se produira pas. Un premier élément de réponse pourrait se préciser rapidement, avec l’issue à venir de l'élection présidentielle américaine 2008…