L'histoire :
Depuis plusieurs générations, le titanesque et sphérique vaisseau stellaire l'« Infini » emporte l'humanité vers une éventuelle nouvelle terre d'accueil. A bord, l'ancien flic Kesley Fontine déprime chez lui, désabusé. Depuis que son connecteur virtuel est déconnecté du réseau – ce qui lui pose bien des soucis au quotidien – il a tout le temps l'impression d'avoir oublié quelque chose. Mais ce jour là, ce qui le sort de sa torpeur, c'est lorsque le mur de son appartement est pulvérisé par deux espèces de tueurs qui tiennent un gamin en otage. Ses réflexes se mettent aussitôt en branle : son flingue traceur pulvérise la tête de l'un d'eux. L'autre se barre en courant, en pulvérisant le mur de salle de bain de la voisine, qui prenait sa douche. Prénommé Sanji, le gamin hallucine de voir une femme à poils. Fontine, lui, appelle Bellarus et ses hommes, d'anciens collègues flics, pour faire sa déposition. Mais le temps qu'ils retrouvent sa mère, une prostituée, ces derniers lui demandent de veiller quelques heures sur le gamin... Sanji dit ne rien savoir de ce qu'il lui arrive. Fontine remarque tout de même que le connecteur qu'il porte sous l'oreille est une greffe artisanale : le gamin devait sans doute être un « transconnect », né dans l'illégalité. C'est plus fort que lui, Fontine se met à enquêter. Et il commence par le bordel où travaille la mère du gamin...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l'origine, Flywire a été publié par les Humanoïdes associés en 3 albums de formats franco-belges, sous le nom de L'infini. Mais à l'origine, surtout, ce cyber-thriller est réalisé par un duo d'auteurs américains et il est proche par sa problématique des romans de Philip K.Dick (Blade Runner, Total Recall et Minority Report). Justice est donc rendue à travers cette intégrale publiée au format comics dans la collection Humanoids. Ici, le contexte d'anticipation est lointain : l'Humanité est en transit à travers le cosmos à bord d'une « Sphère de Dyson », en route sur plusieurs générations pour coloniser un incertain monde meilleur. N'en déplaise à ce décorum, la problématique qui bouleverse la vie du héros, un ancien flic dont on découvre progressivement la condition, n'appartient pas au registre du space-opera. Pourquoi ce gamin qui débarque dans sa vie est-il poursuivi par des tueurs, des flics et un puissant homme d'affaire ? Que cache le dysfonctionnement du connecteur personnel de Fontine ? Bourrée d'action, de révélations et de concepts cybernétiques piquants, l'intrigue concoctée par Chuck Austen est proche de notre ultra-communication moderne, peut-être pas si improbable à moyen terme. Dans l'Infini, on accède en effet à Internet par la pensée et on formate les cerveaux comme des disques durs. Ce petit polar explosif est mis en dessin de manière limpide et dynamique par Matt Cossin, dont le style semi-réaliste et les personnages légèrement plastiques, se révèlent délicieusement adaptés aux fausses pistes et vraies révélations. Ce cyber-thriller, juste ce qu'il faut de tarabiscoté et de complexe, ravira donc les amateurs du genre.