L'histoire :
Au loin, un sapin se déracine et se met en danser. mais personne ne le remarque. Et pour cause, le conducteur de la voiture erre au milieu d'une forêt silencieuse, l'âme en peine. Son couple est sur le point de sombrer. L'homme, quand il est au lit avec sa femme, est relégué à une simple présence, presque un meuble encombrant. Le temps passe, les silences s'accumulent, les doutes et l'incompréhension aussi, comme autant de réponses d'un désir épuisé. Les derniers instants d'une illusion entretenue, avec ses doutes, ses regrets...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'auteur anglais Luke Pearson (Hilda) creuse un sillon original dans la BD contemporaine. Il parle ici d'une situation ô combien banale, une rupture amoureuse et les derniers instants d'un couple qui ne se comprend plus. Plutôt que de s'engouffrer dans les poncifs - le risque était pourtant grand - l'auteur préfère traiter le sujet sur un mode poétique et onirique : les décors s'animent, des ombres bien noires s'emparent des pensées et traduisent le désordre intérieur irréversible de l'homme en particulier, d'où filtre un sentiment doux-amer, entre la tristesse et la mélancolie d'une histoire finie, avec son lot de regrets, de non-dits et de doutes. Incapable d'en faire le deuil, l'homme pleure, se souvient et tente de surnager... Porté par une jolie bichromie orange entrecoupée de cases grisées évoquant les souvenirs, la BD esthétise le désarroi que chacun peut ressentir à l'issue d'une rupture amoureuse, par un symbolisme évocateur et apaisant. Peu d'auteurs parviennent à traduire aussi bien ce sentiment de tristesse infinie, lié à une rupture amoureuse. La colorisation juste et élégante y est d'ailleurs pour beaucoup, comme le parti-pris narratif. A la fois triste et classe, la BD souffre peut-être d'un seul défaut, sa brièveté. En tout cas, reste un poème graphique tout en retenue, plein d'émotion juste et contenue.