L'histoire :
Le vaisseau Forward a découvert un petit vaisseau corporatiste isolé de la zone d’exploitation et considérablement endommagé. On sentait une très faible présence de vie, sûrement un des membres d’équipage encore vivant mais blessé. Siostra opère dans les règles qui font la fierté du système prolétaire : elle demande l’avis du peuple. Elle se doutait de la réponse mais elle en tire une plus grande fierté encore quand le peuple répond qu’il faut sauver le membre d’équipage restant. Réuni en un seul bloc pour le modèle collectiviste, chaque travailleur utilise ses compétences : les machinistes, les ingénieurs, les techniciens, les médecins, les astronautes se connectent et unissent leur effort pour ce délicat exercice. En effet, amarrer un aussi petit vaisseau dans le Forward est une opération complexe mais la commandante ne doute pas une seule seconde des qualités de chacun, la compétence individuelle renforçant le collectif. Elle sourit, les yeux brillants, quand le petit vaisseau est finalement intégré. Reste plus qu’à ouvrir les SAS pour entrer dans le vaisseau abandonné. Les mécanos s’activent et la porte finit par s’ouvrir. C’est à partir de ce moment que tout s’est effondré : le sourire de Siostra, la certitude de la Corporation et du modèle collectiviste, l’orgueil des hommes pensant tout contrôler… Tout cela a laissé place à un monstre effroyable et un océan de terreur.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’édition Black White and Blood s’agrandit avec un nouveau bébé et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de la firme Alien ! Un timing plutôt malin puisque dans quelques jours sort la série Alien : Earth sur Disney +. Ce nouveau volume propose, comme les autres tomes, plusieurs minis scénarios dessinés en noir, blanc, rouge et avec l’ajout du vert pour matérialiser l’acide des Xénomorphes. La bonne idée est aussi d’intégrer une histoire plus longue, fragmentée en plusieurs morceaux, séparées par des saynètes indépendantes. Une belle idée d’autant que le récit Utopie de Collin Kelly et Jackson Lanzing est de loin l’histoire la plus intéressante de l’opus. Les autres mini récits se contentent de jouer habilement avec les stéréotypes des films Alien tout en apportant souvent une chute de qualité. On retrouve bien sûr le ton désabusé des récits SF de départ avec son lot de monstres terrifiants, de massacres sanglants et de trahisons machiavéliques. Quant à l’histoire Utopie, on est scotché par l’originalité du propos. Cette fois, on invente une nouvelle société humaine bâtie sur des relents de communisme pour mieux la détruire petit à petit. Les lambeaux de l’humanité se déchirent lentement, souvent plus à cause de l’homme lui-même que de l’extraterrestre. L’attraction principale, au delà d’un scénario superbement écrit, est la fameuse messagère Siostra, sublime alternative à l’androïde Bishop. Visuellement, l’ensemble est une véritable claque, comme tous les tomes de cette collection. Le jeu des couleurs colle parfaitement à la thématique lourde et oppressante d’Alien et même si, encore une fois, c’est le récit principal qui tient la corde, les autres visuels sont aussi superbes et immersifs, sans compter des couvertures à glacer le sang. Laissez Siostra vous raconter une histoire…
