L'histoire :
Ce tome contient deux sagas:
- Alpha Flight : Les Alpha Flight doivent affronter un nouveau danger au Canada. De nombreux super vilains menacent la sécurité du pays et attaquent plusieurs zones stratégiques. Ainsi, Citadel, terroriste doté d’un exosquelette en adamantium, menace la rivière Saint-Laurent ; Kara Killgrave utilise ses phéromones pour transformer les humains et en faire ses soldats ; Ranark le Ravageur et ses multiples corbeaux veulent détruire la centrale de Montréal. Pressé par le danger, le pays est en émoi. Le premier ministre emploie alors les grands moyens et décrète l’état d’urgence : l’Etat a les pleins pouvoirs et toute liberté est annihilée tant que le danger n’est pas écarté. Même les Alpha Flight sont sous la menace de cette mesure radicale, d’autant que nos super-héros canadiens se divisent entre eux…
- SWORD : l’agent Abigail dirige le S.W.O. R.D., unité spéciale et suréquipée qui protège la terre contre les extra-terrestres. Elle est belle mais a un caractère bien trempé, certainement à cause de son origine mi-humaine mi-extra-terrestre. Son homme n’est autre que Hank McCoy, le Fauve des X-Men ! Cependant, elle n’a guère le temps de roucouler puisque les affaires étrangères sont au plus mal. Alors que la Terre est envahie, l’équilibre de l’univers est rendu précaire puisque bon nombre d’espèces tentent de profiter de la situation pour s’enrichir et mettre l’homme à son service.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la collection Monster edition (gros exemplaire qui offre un récit complet ), Panini Comics déterre les super-héros canadiens créés à l’origine par John Byrne et Chris Claremont : les Alpha Flight. Cousins de nombreux super héros américains, l’objectif est de renouveler le genre en l’exportant près de ses frontières, dans le pays au drapeau à la feuille d’érable. Jugez plutôt : Véga est un homme ultra rapide (Quicksilver ?), Walter est un homme qui peut se transformer en immense bête (Hulk ?), Shaman est un Indien aux pouvoirs mystiques (Vision ?)… Leur apparence reste originale et bien marquée pour chacun des membres. Les super vilains sont eux aussi bien méchants : Kara est la « cousine » de l’homme pourpre tandis que Ranark est un terrifiant mort vivant qui rappelle la Mort. De plus, certains super-héros se tournent vers la modernité et apportent une touche originale : Véga est homosexuel, Aurora est schizophrène depuis qu’elle a subi un viol dans son enfance. L’histoire proposée dans ce gros volume se rapproche là aussi d’un célèbre crossover américain : Civil War. En effet, le gouvernement canadien va prendre des mesures radicales pour diminuer l’insécurité et va mettre en place une véritable dictature. Du coup, l’équipe Alpha Flight va se diviser et provoquer une grande guerre civile entre super-héros. Tout est fait pour investir le marché canadien et apporter un peu d’exotisme au monde du comics. Ainsi, les lieux sont ceux du Québec et on a même quelques expressions fleuries de là-bas : « calisse » (juron québécois), « manger une pitoune » (délicieux plat typique et populaire) ou encore le fameux « cheum » (chéri). Même si l’histoire est traitée avec un grand savoir-faire, le crossover n’est qu’une simple histoire de super-héros contre des super-vilains. Actions et rebondissements au programme mais sans réelle profondeur : les combats s’enchaînent mécaniquement et les textes sont bien pauvres. Les dialogues sont parfois consternants de platitude ou de mauvais goût : « laisse m’en un peu : je vais me décapsuler une bière avec son casque » ou encore « arrête de me mater le derrière, le poilu : ça me déconcentre ! » Le tout est un bon divertissement mais sans plus, bien loin d’atteindre la profondeur noire et pessimiste du fameux Civil War. Heureusement, le récit est très bien servi par un dessin impeccable, plein de vie et puissant. Les personnages sont superbement représentés et magnifiés dans des plans osés et très modernes. La deuxième intrigue sur le S.W.O.R.D., organisation proche du SHIELD, est plus intéressante dans son scénario. L’humour est de mise puisque l’agent Abigail est constamment sous tension et doit faire face à des menaces farfelues venues de l’espace. Entre l’action des comics et la diplomatie et l’humour des Men in Black, SWORD vaut le détour même si le dessin est beaucoup plus enfantin et caricatural que celui d’Alpha Flight. Une découverte donc que ce comics pour les amateurs d’actions et d’exotisme : les autres pourront passer leur chemin.