L'histoire :
Une partie des Vengeurs a migré sur la Côte Ouest des Etats-Unis, afin de mieux assurer la sécurité des habitants du pays. Œil de Faucon est à la tête de ce nouveau groupe qui comprend Wonder-Man, Tigra, la Guêpe et son compagnon Giant-Man, la Sorcière Rouge et son époux la Vision. L'histoire commence un matin, alors que Wanda – la Sorcière Rouge – se réveille et ne parvient pas à retrouver son mari. La Vision, un Synthézoïde mi-organique mi-machine, a disparu sans laisser de trace... pas seulement physiquement, mais aussi dans la mémoire de l'ordinateur des Vengeurs. C'est comme s’il n'avait jamais existé ou comme si quelqu'un avait souhaité effacer toute preuve de l'existence de cette « créature » surpuissante. Grâce à l'Oiseau-Moqueur, ex-épouse d'Œil de Faucon et ancien agent du SHIELD, les Vengeurs de la Côte Ouest découvrent rapidement que la Vision a été enlevé par un consortium regroupant des agents de tous les pays industrialisés. Quelques mois plus tôt, le synthézoïde avait pris possession des ordinateurs centraux de l'ensemble des pays de la planète. Une action qui avait effrayé les gouvernants du monde entier et les a convaincu de faire cause commune pour éradiquer définitivement la menace que représente la Vision.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Je vais démarrer cette chronique en me permettant un double avertissement à l'adresse de ceux qui voudraient lire cet album. Premièrement, pour aborder l'histoire des Vengeurs de la Côte Ouest, il est nécessaire de posséder une bonne connaissance de l'univers complexe des super-héros Marvel et des interconnexions entre les différents groupes qui peuplent cet univers. L'histoire revient à plusieurs reprises sur les relations existant entre différents personnages et sur des événements qui ont bouleversé l'univers Marvel depuis sa création (on remonte jusqu'aux origines de la Torche Humaine, le tout premier super-héros de la firme née dans les années 30, c'est dire). Ignorer les composantes de cet univers, c'est prendre le risque de se sentir très vite largué par le récit. Deuxièmement, comme pour la BD franco-belge, les comics ont connu plusieurs évolutions dans la façon d'écrire les histoires. Revenir dans les années 80, c'est se confronter à une façon de raconter qui est à l'Amérique ce que Blake et Mortimer est à la France : les histoires peuvent être passionnantes, la narration n'en est pas moins déstabilisante, car très dense, très bavarde, montrant des psychologies de personnages monolithiques (parfois à la limite de l'infantile ou de la pré-adolescence) et des super-héros déroutants, qui vivent quasiment 24 heures sur 24 dans leurs costumes. Le public visé était clairement les ados et le Comics adulte en était encore à ses balbutiements. Même si le Dark Knight et les Watchmen étaient déjà passés par là, on était encore dans une période transitoire où toute une industrie était en train de se remettre en cause, mais se référait encore à un glorieux passé dépassé. Ces avertissements étant faits, on se trouve ici face à une de ces sagas qui viennent régulièrement bouleverser l'univers Marvel en faisant évoluer radicalement des personnages phare de la Maison des Idées, à savoir, pour le présent album, la Sorcière Rouge et la Vision. Si on connaît bien l'histoire de la mutante et de la créature synthétique, si on a suivi pendant des années la difficile relation qui s'est nouée entre eux, si on sait qu'ils ont fini par s'aimer, se marier et avoir ensemble des enfants, on peut sans doute vibrer à la remise en cause de tout ce qui les lie. Par contre, si on ignore tout de leur chemin de croix, on risque de rester de marbre face à des implications et des réactions qui nous échapperont en grande partie, d'autant que l'histoire proposée par John Byrne, très complexe dans son positionnement historique, manque un peu de peps et se dilue dans trop de directions différentes. Son dessin n'est guère plus enthousiasmant. Très inventif à ses débuts, John Byrne est, au carrefour des années 80-90, un artisan totalement en roue libre, déroulant une narration fluide, mais des dessins un peu trop systématiques pour exciter notre intérêt. D'autant que la colorisation à base de couleurs primaires très marquées, renforce encore l'aspect vieillot de l'ensemble. Une curiosité, donc, qui intéressera les initiés, mais laissera sans doute les autres sur le bord de la route.