L'histoire :
Voilà dix ans maintenant que Bruce Wayne a arrêté d’être Batman, depuis la mort de Jason, son assistant. Depuis, rien ne va plus : un gang surnommé les mutants fait sa propre justice, multipliant les victimes innocentes. La situation ne risque pas de changer puisque le commissaire Gordon s’apprête à raccrocher. Pourtant, un fait, tout sauf anodin, se produit : l’un des anciens ennemis de Batman, Double Face, sort de l’asile grâce au docteur Wolper. Ce dernier annonce l’avoir soigné et lui avoir au passage refait le visage, avant de disparaître peu de temps après. C’est le moment que Bruce choisit pour redevenir Batman. Son objectif est de le retrouver mais aussi d’assainir les rues de Gotham, de plus en plus dangereuses. Les premières interventions sont musclées et font rapidement parler d’elles. Les victimes s’épanchent alors auprès des médias pour décrire le retour du sauveur. Parmi l’une d’entre elles, Carrie, une jeune fille, qui prendra le costume de Robin un peu plus tard. A la poursuite des criminels, mais également poursuivi par la police (qui a lancé un mandat d’arrêt contre lui), Batman a des nuits particulièrement remplies…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le personnage mythique de Batman a été créé en 1939 par Bob Kane et Bill Finger. Les années passant, le super héros a quelque peu perdu de sa superbe, pour devenir gentillet voire kitch, son adaptation en série télé est d’ailleurs le point d’orgue de cette image. Il aura fallu attendre Frank Miller, en 1986, avec son Dark Knight, pour que la série redevienne intéressante. Ainsi, on retrouve Bruce Wayne âgé, désabusé, aigri et beaucoup plus violent que par le passé. Avec un postulat innovant et une narration en béton armé, cette série a relancé à elle seule la franchise Batman. L’album déjà sorti en France à plusieurs reprises, c’est désormais au tour de Panini de nous proposer une édition ultime dans le cadre de sa collection Absolute. L’intégralité du Dark Knight y est intégré, ainsi que sa suite parue en 2001, le tout accompagné de plus de 60 pages de bonus. La première série est, malgré le poids des années, incroyablement moderne. Le récit est intense et ce, jusqu’au combat final. L’idée de faire commenter chaque scène par différents médias est géniale et sera même reprise dans les comics qui ont suivi, tel que le Spawn de Todd McFarlane. Bien évidemment, on retrouve les ennemis de toujours du justicier de Gotham, à savoir Double Face et le Joker. Mais ceux-ci n’auront pas droit au traitement habituel et subiront les foudres de ce Batman, dont l’apparence est plus impressionnante qu’avant, comme s’il avait pris du muscle avec les années. La seconde partie nous présente une vision assez différente de la première, au point de susciter la controverse à sa sortie. Pourtant Frank Miller a étoffé son récit en incorporant d’autres super héros, tel qu’Atom, Green Lantern, Wonder Woman, etc. Sa critique du pouvoir politique et médiatique est de nouveau présente et se montre plus incisive (la réelle utilité d’un Président). Les dessins anguleux de Miller sont en réalité la cause de cette controverse : s’ils sont exceptionnels dans la première partie, l’approche est différente dans la seconde, avec un choix porté sur le dynamisme et sur des effets de style parfois déstabilisants. Toujours est-il que l’on reconnaît immédiatement le trait anguleux de l’auteur qui bénéficie de l’encrage subtil de Klaus Jenson et des couleurs étonnantes de Lynn Varley. Ce Batman a influencé tellement de monde que les adaptations cinématographiques de Christopher Nolan, dont ils tirent leur substance, ont même du mal à rendre justice au travail du plus controversé des créateurs de comics américain. Pour dire, seul Paul Pope et son Year 100 ont approché ce niveau, plus de 20 ans après. Si les pièces de collection se trouvent pour la plupart dans des musées, celle-ci se doit de figurer dans toute bibliothèque respectable. Un chef d’œuvre à ne pas louper !