L'histoire :
Reclus dans les montagnes de Himalaya, le grand ancien, Genghis sent sa fin approcher. Il raconte à son disciple les deux rencontres les plus marquantes de son existence avec deux magiciens totalement opposés : Victor von Fatalis et Stephen Strange. Sur les instances du Vishanti, composé d’Oshtur, Hoggoth et Agamotto, le grand ancien décide de réunir les plus grands magiciens du monde afin qu’ils puissent s’affronter et déterminer lequel d’entre eux est le Sorcier suprême. La présence de Fatalis dans le groupe est loin de faire l’unanimité, certains sorciers dénonçant celui qu’ils considèrent comme un usurpateur. Pourtant, à la fin de cet affrontement massif, Stephen Strange et Fatalis se retrouvent face à face et doivent coopérer pour se rendre aux Enfers. Quel est le but de cet étrange et périlleux voyage ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Triomphe et Tourment est un événement marquant dans l’univers des comics voyant la montée en puissance d’un dessinateur hors normes : Mike Mignola. S'il n’est pas encore au sommet de son art, le futur créateur d'Hellboy commence à imprimer les comics de son empreinte inimitable. Sur le plan scénaristique, Roger Stern met aux prises deux géants de l’univers Marvel dans une aventure qui devait avant tout être celle de Stephen Strange mais dans laquelle Fatalis finit par lui voler la vedette. La rencontre entre les deux hommes ne donne pas lieu à une bagarre mystique et l’alliance entre ces personnages si antagonistes est très bien menée dans une atmosphère de jeux de dupes qui permet des rebondissements surprenants et un dénouement inattendu. Roger Stern a certes placé Stephen Strange au cœur du récit, faisant de lui le Sorcier suprême, couronné par ses pairs et adoubé par le Vishanti, mais le vrai héros de ce titre est Victor von Fatalis, le hautain souverain de Latvérie, connu pour ses velléités hégémoniques et qui révèle ici un côté très humain qui en font presque un personnage pour lequel le lecteur éprouvera de l’empathie. Mephisto reste fidèle à sa réputation en se révélant plus retors que jamais et la descente aux enfers des partenaires improbables que sont Strange et Fatalis est un vrai moment d’anthologie. Ajoutons à ce scénario sensible et subtil le trait déjà si particulier de Mignola, l’encrage et la colorisation tout en finesse de Mark Badger et on obtient un ouvrage réussi d’autant que Panini Comics a réalisé un bon travail éditorial en insérant une fort belle introduction d’Antonio Solinas, une interview de Mark Badger et un making off rédigé par l’archiviste Peter Sanderson. Triomphe et Tourment est un titre hors-normes et forcément indispensable.