L'histoire :
Plus rien n’est comme avant pour Matt Murdock. Pour évacuer sa souffrance et expier ses fautes, il va se confesser. Très vite, il en vient à l’essentiel : ce qui le hante. Cela fait des nuits entières qu’il rêve et qu’il la voit, lui l’aveugle de Hell’s Kitchen. Malgré sa disparition brutale et le fait qu’elle est morte dans ses bras, il la voit chaque nuit dans le même rêve. Elle est au sommet d’une falaise, en plein milieu de la neige. Elle le regarde de haut et semble heureuse comme jamais. Comme si elle se libérait d’un poids terrible, elle jette ses armes qui dévalent la pente. Le prêtre sent que la douleur de Matt est encore à vif. Ils prient donc pour le salut de son âme et pour la paix d’Elektra. Il a tout de même oublié de préciser plusieurs choses à propos de ses rêves. Il voit également celle qu’il a toujours aimée dans un étrange rituel au milieu d’une musique lancinante et de serpents qui s’entourent autour de son corps nu. Matt deviendrait-il fou ? Ou son souhait le plus cher pourrait-il se réaliser ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Daredevil et Elektra, c’est la grande histoire d’amour de Frank Miller. Après avoir publié un run mémorable de Daredevil qui finit par la mort d’Elektra et avant de tourner définitivement le dos à Marvel, Miller propose en 1990 une dernière mini histoire consacrée aux conséquences de la mort de la belle Natchios sur le justicier de Hell’s Kitchen. Cette réédition en très grand format est du pain béni pour les fans de Frank Miller puisque cette œuvre est à la charnière de sa carrière entre The Dark Knight Returns et Sin City. La narration éclatée avec une voix off acerbe rappelle le tome prestigieux de Batman mais Daredevil et sa souffrance extrême préfigurent Marv et son ombre immense et voûtée. Ce n’est cependant pas qu’une curiosité littéraire tant l’œuvre est d’une maîtrise et d’une puissance rares. Prix Eisner du meilleur album, cette « parenthèse » montre de façon éclatante tout le génie de Miller. Il raconte avec maestria la déchéance d’un homme rongé par le deuil et tire la quintessence de son art pour brouiller les pistes. En effet, l’audace du graphisme et les scènes de plus en plus mystiques et étranges rappellent qu’on est dans la tête d’un aveugle, obsédé par l’idée de retrouver la femme aimée et perdue. On s’attend forcément à ce que cela se finisse en tragédie mais le ton sombre, dur et violent constitue une catharsis salvatrice pour tous ceux qui doivent se remettre d’un deuil ou de la perte de l’être aimé. La superbe collection rend parfaitement hommage au gigantisme du style Frank Miller. Les scènes de cauchemar ou de délire permettent à l’artiste de débrider son art avec des trouvailles visuelles fortes, un découpage hallucinant et un souffle unique. Le tout superbement mis en valeur par une colorisation magnifique de Lynn Varley. Grâce à cette super réédition, c’est bien l’art de Frank Miller qui renaît à la vie...