L'histoire :
En Tanzanie, en pleine rue populeuse, trois jeunes descendent d’une 2CV et se transforment instantanément en bombe humaine. Cet acte terroriste marque l’apparition d’une nouvelle arme de destruction massive, une arme qui concentre l’énergie du corps humain avant de la projeter, sur-amplifiée, en direction des cibles visées. Le SHIELD, dirigé par le multi-milliardaire Tony Stark, enquête… Ils finissent par découvrir que la technologie utilisée est dérivées de celle que Stark a imaginé pour produire l’énergie indispensable à l’armure d’Iron Man… et que celui qui a détourné son invention philanthropique n’est autre que le fils d’Obadia Stane…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Historiquement, Iron Man (alias Tony Stark, inventeur génial et multimilliardaire d’armes de destruction massive pour l’armée américaine) n’a jamais été un personnage populaire de la Marvel… Trop distant dans son attitude, trop riche pour qu’on s’identifie pleinement à lui, trop sérieux sans doute, ce super-héros n’a jamais connu la popularité de l’adolescent Spider-Man ou des mutants X-Men… Enfin, telle était sa situation jusqu’à sa recréation par Mark Millar dans l’équipe des Ultimates et sa transposition sur grand écran, avec l’acteur Robert Downey Jr, qui a donné à Tony Stark un physique et un charisme de star des magazines people, doublé d’un talent pour les dialogues pleins d’une amère ironie. Suite à ces succès mondiaux, Iron Man est aujourd’hui, un titre (une marque ?) de tout premier plan, et il était important pour Marvel de confirmer l’intérêt que lui porte le public à travers les albums qui portent son nom. La lourde mission de la transposition a ici été confiée au duo Matt Fraction (pour le scénario) et Salvador Larroca (pour le dessin). Et il faut reconnaître qu’il y a de très très grosses ambitions derrière les deux histoires que regroupe le présent recueil (soit un ensemble de 14 chapitres). Dans un premier temps, Tony Stark réalise que son pire cauchemar est en train de se réaliser : sa technologie, qu’il voulait mettre au service de l’humanité, permet désormais à d’autres génies, bien moins regardant que lui, de créer des armes toujours plus puissantes et destructrices, au service de bien plus noires ambitions. Puis, son pays (à travers Norman Osborn) va se retourner contre lui et tenter de récupérer son savoir-faire à son profit… faisant de Tony Stark une banque de données en fuite… obligé de se cacher en attendant de reconquérir sa place. Que d’ambitions dans ces deux sujets, oui. Sans doute trop. Car curieusement, Matt Fraction a bien du mal à mettre ses intrigues en route… Le premier chapitre de chacune des deux histoires proposées se révèle incroyablement confus… Un sentiment pourtant très vite balayé par deux mises en place très accrocheuses qui bousculent de fond en comble le monde de Tony Stark et l’ébranle personnellement. On se dit « génial, on va avoir droit à un de ces arcs légendaires qui viennent régulièrement enrichir l’univers Marvel »… Malheureusement, la suite a bien du mal à maintenir l’intérêt suscité, tant le sentiment de surplace, de confusion parfois et de difficulté à se montrer percutant dans l’action et émouvant dans la psychologie, oblitèrent régulièrement l’ampleur des sujets proposés. Ce n’est pas mauvais… c’est juste qu’on sent en permanence qu’avec des sujets aussi riches, aussi ambitieux, le scénariste n’est tout simplement pas à la hauteur et dilue inutilement son propos dans des pistes qu’on a parfois bien du mal à raccorder à l’intrigue générale. C’est d’autant plus rageant qu’il semble au contraire ne pas avoir toute la place nécessaire pour ces scènes d’action qui en perdent en intensité. En parallèle, le dessinateur espagnol Salvador Larroca semble à l’unisson de son scénariste, avec son dessin photographique un peu emprunté et sa mise en scène digne d’un blockbuster hollywoodien. Confus quand le scénario ne trouve pas ses marques, Larroca se montre tout à fait impressionnant quand Fraction lui donne un matériel convainquant. D’où des regrets démultipliés face à ce semi-échec qui aurait pu être une très grande réussite…