L'histoire :
Sur la terre 712, règnent des super héros réunis sous le nom de l’Escadron Suprême (copie non-officielle de la Justice Ligue of America) avec à sa tête Hypérion, extraterrestre quasi indestructible. Au début de ce recueil appelé Le programme Utopie, la Terre est en ruine après avoir été sous le joug même de l’Escadron Suprême, milice super héroïque au service du président des Etats-Unis Richmond (alias Nighthawk) devenu dictateur du monde entier. Ce qu’ignorent les habitants de la terre, c’est que Richmond et l’escadron étaient manipulés par Overmind, un super vilain ayant le pouvoir de contrôler les esprits de chacun. Ce dernier désormais battu, l’escadron doit regagner la confiance du peuple sans leur révéler la vérité, difficilement crédible. Ils décident alors de créer une utopie pour imposer la paix, éradiquer la pauvreté et aussi toute violence en créant une machine qui permet de laver le cerveau et d’annihiler toute mauvaise pensée à chaque délinquant. Mais ce programme ne plait pas à certains super héros comme Nighthawk qui ne voit dans ce programme qu’une nouvelle dictature et décide de faire sécession et continuer la lutte clandestinement.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Etonnante découverte que cet Escadron Suprême de Gruenwald qu’a décidé de re-sortir Panini. Cet immense arc commence dans un chaos propre aux séries des années 80, empêtré dans des histoires à rallonge avec moult rebondissements hebdomadaires qui finissent par être grotesques. Gruenwald connu pour son obsession de la cohérence et de la continuité scénaristique, nous fait comprendre dès le départ où nous en sommes dans l’histoire et pose ses enjeux passionnants dès les premières pages. En effet, découvrir cette parodie de la Justice Ligue crée par Marvel aurait pu désintéresser mais avec ces héros laissés de côté par la Maison des Idées, Gruenwald a toute latitude pour questionner la place des super-héros dans le monde, la croyance qu’on leur porte et la responsabilité inhérente à leur statut de surhomme. Avec cette utopie de paix imposée, Gruenwald questionne la légitimité politique des encapés avant Watchmen d’Alan Moore ou Civil War de Mark Millar. Malgré cet avant-gardisme dans son propos, L’Escadron Suprême reste symptomatique de son époque avec ses sous-intrigues inutiles, imposées par le format feuilleton et une morale ringarde, voire douteuse lorsqu’il s’agit du rôle des femmes au sein de cette équipe, réduites à leurs fonctions de mères ou d’amantes ou encore un patriotisme et une survalorisation de la loyauté, typique du chauvinisme US. Coté dessin, malgré le grand nombre de dessinateurs de qualité comme John Buscema, difficile de le distinguer du style commun à tous les dessinateurs de cette époque, alors que Franck Miller (The Dark Knight Returns) David Mazzucchelli (Batman, Year One), Dave Gibbons (The Watchmen) parvenaient en même temps à imposer leurs styles novateurs. En somme, L’Escadron Suprême est une vraie curiosité, agréable dans son ensemble mais dispensable.