L'histoire :
Son nom n’est qu’un matricule : un de plus parmi tant d’autres. Il le sait, il a été créé dans un but bien précis et il en tire même une certaine fierté. Tout ce qu’il a partagé avec ses semblables était un temps privilégié, un bonheur à part. Malgré tous les dangers et les épreuves qu’il a surmontés, il en garde un souvenir fort et réconfortant. Maintenant, il est tout seul depuis quelques années. Depuis qu’il a pris un tir de rayon laser qui a éventré son casque et marqué durablement son visage, il n’est plus le même. Le désert l’a endurci et lui a appris à se débrouiller seul. Lui qui n’avait vécu qu’en communauté et qui n’avait que travaillé avec ses frères clones, il ne peut compter que sur lui-même, dorénavant. Pendant plusieurs années, il s’est créé une carapace solide. Le visage renfermé, accentué par sa cicatrice, il ne vit que pour sa petite ferme. Pourtant, le passé finit toujours par ressurgir un jour ou l’autre. Celui-ci a pris une forme particulière et c’est petit à petit qu’il s’est installé dans sa tête. A force d’entendre des rumeurs et des bruits venant de toute la galaxie. Il sait que la vérité ne sort jamais d’un champ de bataille et qu’il est plus facile de créer une légende que de survivre à un assaut violent. Malgré tout, il s’interroge sur ce nouveau guerrier noir qu’on dit invincible et d’une puissance incommensurable. Le matricule CT-5539 sent qu’il revit car ce Sith d’un nouveau genre a un point commun important avec lui : il déteste les Jedi…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour le tome 6 qui célèbre le charismatique Dark Vador dans la petite collection Panini à 6 euros 99, voici un nouveau récit marquant sorti initialement en 2013. D’emblée, on comprend que sa lecture va être spéciale puisque le point de vue est celui d’un clone, survivant miraculé et qui s’est forgé une personnalité forte dans le désert (un début qui rappelle d’ailleurs fortement la série Le livre de Boba Fett). Avec un démarrage aussi marquant, Tim Seidell déploie un véritable petit chef d’œuvre avec des textes forts, un sens du rythme et de l’originalité assez remarquables. Cet alliage entre histoire simple et pleine d’actions et de passages profonds à la limite du poétique matche du début jusqu’à la fin. Seidell se paie en plus le luxe d’apporter une profonde réflexion sur le manichéisme apparent de Star Wars et sur la nécessité de la guerre. Le clou du spectacle, c’est que Dark Vador est loin d’être la vedette. Ça n'est pas même ce clone spécial et encore moins l’Empire : on apprendra rapidement qu’il s’agit des rebelles anonymes qui ont choisi de lutter coûte que coûte contre l’injustice et la barbarie. Poignant ! Gabriel Guzman livre un dessin efficace et simple en apparence, même si quelques plans ou visages sont un peu grossiers. Ne vous laissez pas berner par le titre : grâce à Tim Seidell, il reste toujours une lueur d’espoir dans les ténèbres…
