L'histoire :
En 1994, John Griffen arrive à Large Mouth, une petite ville tranquille. Il se rend au motel et croise une personne qui d’emblée est étonné par son étrange apparence : il est recouvert de la tête au pied de bandes blanches. Rapidement, la rumeur se répand, notamment par June, la propriétaire de l’hôtel, qui prévient en passant les clients du café du coin. Griffen rentre peu après dans le troquet, afin de savoir s’il est possible de commander à manger. Il se heurte dans un premier temps au refus du patron, mais Vickie, la fille du propriétaire des lieux, accède à sa requête. Griffen ne sort désormais plus que pour aller chercher son repas. La jeune femme remarque que la chambre de cet étrange client reste allumée toute la nuit, alors que la journée, les stores sont baissés. Prenant son courage à deux mains, elle frappe un soir à sa porte et se voit invitée à entrer, après un long moment. John lui apprend qu’il est chimiste et qu’il est venu chercher à Large Mouth le calme nécessaire pour retrouver une formule. Plus le temps passe et plus Vickie passe du temps avec Griffen. Pendant ce temps, les habitants fomentent d’étranges rumeurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auteur canadien multi-récompensé pour sa série Essex County publiée chez Futuropolis, Jeff Lemire est un artiste atypique. Il s’illustre aujourd’hui avec Monsieur Personne, connu en Amérique du Nord sous le nom de The nobody. Cela raconte les mésaventures d’un homme entièrement recouvert de bandelettes, dans une petite ville… L’auteur revisite ainsi, avec une véritable malice, le mythe de l’Homme invisible mais enrichit son récit avec un aspect dramatique plus habituel aux comics indépendants. Lemire réussit à captiver d’un bout un l’autre, avec un étonnant aspect émouvant et une paranoïa rurale presque palpable. Jamais ennuyeux, le titre se lit à grande vitesse, en raison de nombreuses planches totalement dépourvues de texte. Le style graphique est quant à lui épuré. Le trait fin de Lemire est proche du noir et blanc, ponctué d’une couche de bleu clair assez plaisante. Sans multiplier les effets visuels inutiles, le dessinateur montre des cases expressives. Avec Monsieur Personne, Jeff Lemire se place parmi les auteurs « indé » qui montent sur la scène canadienne, de quoi ne pas rester très longtemps invisible…