L'histoire :
Il est totalement coupé de son milieu. Totalement non car ses ravisseurs s’amusent à placer sa cellule tout proche de la mer, sans pouvoir néanmoins récupérer la puissance de l'eau. Ce n’est pas la seule torture qu’il subit : les gardiens le maintiennent en vie tous les jours avec des liquides nauséabonds. Juste ce qu’il faut pour qu’il ne dépérisse pas totalement. Mais Namor, l’ancien grand roi des mers, a perdu totalement de sa superbe et il n’attend plus qu’une seule chose : la mort. Il prie machinalement les Dieux et notamment Poseidon pour lui redonner ses pouvoirs et lui permettre de retourner dans son monde marin mais rien n’y fait. Les jours s’enchaînent de façon morne et sans vie, lente et implacable agonie. Ne lui reste plus que ses souvenirs et son enfance glorieuse. Le quotidien ennuyeux laisse place à un bruit que Namor ne connaît que trop bien : les eaux sont agitées et il va avoir de la visite. Une troupe de Skarkars remonte à la surface et détruit les murs de la prison de l’ancien roi. Namor est très clair : il ne veut pas sortir d’ici, pensant qu’il mérite son châtiment. Mais le chef de la tribu rit à gorges déployées : les Skatkars ne sont pas là pour le libérer mais pour le tuer !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
S’il existe un personnage insaissisable chez Marvel, c’est bien Namor ! Pourtant, le Prince des Mers est aussi l’un des plus anciens super-héros à avoir été créé. Inclassable, imprévisible et indépendant, ce personnage a aussi peu d’histoires à lui que de ligne de conduite fixe. Jason Aaron signe son retour à la Maison des Idées en s’intéressant à Namor en proposant un début aussi étrange que déstabilisant. En effet, le Prince se punit lui-même en refusant de revenir sur mer et en restant emprisonné. La suite n’est qu’une lente rédemption, quasi christique, où Namor devra regagner son royaume. Cette quête est d’autant plus impossible qu’elle intervient en pleine guerre des Sept Chefs qui convoitent le trône. On découvre alors un étonnant récit épique, gonflé de termes marins et de peuples exotico-aquatiques. Aaron montre à quel point Namor a mérité son titre de Prince des mers, détrônant aisément la version cinéma de la Divine Concurrence avec le pauvre Aquaman/ Jason Momoa. A la fois grandiloquent et violent, le retour de Namor est tonitruant mais aussi surprenant avec de forts passages d’introspection où le personnage ne cesse de se questionner, ayant recours à son passé royal. Une très belle réussite donc malgré quelques faiblesses ou raccourcis parfois. Le visuel table sur deux artistes, l’un croquant le présent de l’histoire et l’autre le passé. Alex Lins a un trait plus envoûtant et léché que Paul Davidson qui peine à convaincre dans la représentation des personnages et des visages. Malgré tout, l’ensemble est une formidable plongée dans la vie mouvementée de Namor.