L'histoire :
Souhaitant raconter de manière nouvelle l'histoire de son pays en évoquant son côté obscur , Robert Black a quitté New York et son emploi au sein de l'Herald journal. Il parcourt depuis le pays de spécialiste en spécialiste. Cette fois-ci, il se trouve à Manchester où il voudrait en apprendre un peu plus sur le fameux livre alchimique arabe écrit par l'érudit Khâlid ibn Yazîd. À l'Université, Robert croise un certain Docteur North qui connaît bien l'ouvrage. Celui-ci lui indique la direction à prendre pour se rendre au logement qu'il a réservé. L'ancien journaliste de l'Herald croise sur sa route une jeune fille, Elspeth Ward, avec qui il discute un moment. Celle-ci est très cultivée pour son âge et connaît énormément de choses sur la région. Arrivant enfin chez sa logeuse, Robert a droit à une chambre située sous les toits. Il n'y a pas l'air d'avoir d'autres clients. Après avoir déposé ses affaires, il se rend près d'un endroit où une météorite se serait écrasée quelques années auparavant. Renseignements pris auprès de l'agent de police Stubbs, Robert rentre se coucher mais alors qu'il s'endort, des visions d'horreur lui apparaissent, des images particulièrement réelles...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
SI vous avez un jour lu un récit de d'Howard Phillips Lovecraft, une sensation malsaine, effrayante ou paranoïaque a du vous parcourir l'échine. Considéré par beaucoup comme l'un des plus grands artisans du récit d'horreur du XXe siècle, son œuvre ainsi que le personnage en lui-même fascine. Plus ou moins éloigné des turpitudes de l'industrie du comics, le scénariste Alan Moore fait partie de ceux qui ont toujours eu de l'attrait pour Lovecraft. Après The Courtyard et Neonomicon, il a opté pour un pari audacieux et qui se montre à la hauteur de ses qualités divines avec Providence. Dans ce second tome, nous suivons toujours le parcourt de Robert Black, un journaliste soucieux de récolter un maximum de témoignages et d'éléments pour écrire son roman. À mesure que son voyage avance, l'atmosphère change et se fait progressivement paranoïaque. Couplant cette montée en puissance avec des allusions permanentes à des protagonistes présents dans l'œuvre de Lovecraft, Alan Moore fusionne parfaitement réalité et fantasme fictionnel. Chaque épisode porte le nom d'un récit du romancier et emprunte des ambiances similaires. La folie prend progressivement place dans ses pages et certaines scènes risquent de vous perdre, tant vous ne saurez s'il s'agit d'un rêve ou non. Alan Moore présente un véritable scénario comme nous n'avions plus eu depuis probablement La ligue des Gentlemen Extraordinaires. L'aventure proposée, ou plutôt le cauchemar diront certains, joue avec le lecteur et ses malaises. Incroyablement riche, la lecture de cette série est toujours passionnante et se fait sur plusieurs niveaux de lecture. Les courriers situés entre chaque chapitre sont immersifs et permettent de multiplier les interprétations quant à une scène. Jacen Burrows ne s'est probablement jamais autant impliqué dans la conception d'une des séries sur laquelle il a travaillé. Le rendu paraîtra toujours un peu froid ou rigide pour certains mais l'aura qui se dégage des planches de l'artiste américain insuffle le supplément d'âme qu'il fallait pour faire de Providence un classique du genre. « Je suis Providence »...