L'histoire :
White Raven a peu de temps mais elle doit achever ce qu’elle avait commencé. Tuer ce gros balourd de Noxx n’est pas vraiment compliqué pour elle, même si ce monstre peut se montrer particulièrement dangereux en combat au corps à corps. Mais c’est encore plus facile qu’elle ne l’aurait imaginé car Noxx a un point faible : c’est son attirance pour les femmes. A peine arrivée qu’il joue les machos obsédés. Persuadé qu’elle est venue pour le séduire, ce pourceau met la main sur son corps et ne se méfie pas une seconde. Elle le laisse attendre un peu et met elle-même ses mains sur sa poitrine… pour en sortir un gros pistolet. Il n’a plus le temps de réagir et il va payer de sa vie sa faiblesse. Elle parviendra donc à être à l’heure à son rendez-vous. Un mystérieux client l’a convoquée dans un bar miteux mais c’est un endroit assez discret pour qu’ils puissent parler sans danger. Il a besoin de White Raven pour une mission bien particulière : récupérer une comète ancienne qui va refaire surface dans l’espace. Cet objet détient un secret légendaire qui intéresse l’inconnu au plus haut point. White Raven accepte de récupérer ce vulgaire caillou mais il faudra y mettre le prix ! Dans le même temps, Silver Surfer est appelé par son ancien maître, Galactus. Il foule le vaisseau du géant en se remémorant toute cette période où il était le Héraut du Dévoreur des Mondes. Aujourd’hui, les choses ont bien changé et il se demande donc ce que lui veut Galactus. Il a besoin de son ancien allié pour réaliser une tâche bien précise : trouver une ancienne comète qui détient un secret fabuleux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Heureux lecteurs, vous tenez en main un objet assez unique, une œuvre d’art quasi maudite, au destin tortueux et complexe. Ce mini récit de Ron Warz et Claudio Castellini a été initialement publié en 1996 aux USA et 1997 en France en couleurs et avec une version noir et blanc en Italie en 1995. Ce court récit au scénario plutôt classique ne devrait pas susciter autant d’émoi. Et pourtant, l’histoire est assez maline et parfaitement menée : ce chassé croisé entre White Raven et Silver Surfer et leurs deux commanditaires offre une dualité inédite et nous plonge dans une aventure cosmique spectaculaire. Spectaculaire car ce projet a été initié à la base pour mettre en valeur le talent du jeune dessinateur Castellini (il remportera d’ailleurs le prix de Yellow Kid pour cette réalisation). Et le mot « talent » est bien faible quand on ouvre la première page de cet album. Happé par un noir et blanc saisissant et un trait à la fois léché et viril, on tombe dans une fascination totale devant cette œuvre d’art. Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire le travail phénoménal de l’artiste sur cette œuvre (il a passé pas moins d’un an et demi pour dessiner les 46 planches). Étonnante fusion entre les arts et artistes du monde entier, le graphisme est aussi cosmique que celui de John Buscema (son idole) ou Moebius, aussi musculeux que Neal Adams, sans oublier un noir et blanc sublime qui dépasse le modèle italien, une profusion de détails à la franco belge et des vaisseaux et objets technologiques qui rappellent le manga. Castellini décloisonne également les cases pour un rendu dynamique qui décoiffe. C’est un véritable bijou visuel, aussi beau, rare et intense que la comète que recherchent les personnages. Mais c’est aussi une malédiction car l’aventure éditoriale a été plus que chaotique pendant de nombreuses années et n’a pas rendu hommage à la beauté absolue du visuel. Les interviews et appendices qui accompagnent le livre expliquent d’ailleurs très bien cette catastrophe. Cette édition noir et blanc en grand format (d’origine serbe) est sûrement la plus aboutie et celle qui se rapproche le plus de ce que recherche l’esthète Castellini. Vous ne pouvez pas passer à côté de cette pépite.