L'histoire :
L’hiver était encore plus rude que d’habitude et on savait très bien comment cela allait se passer. Les bidonvilles allaient déguster c’était une certitude. J. Jonah Jameson missionne donc Ben Urich pour prendre des photos de l’endroit. Il veut du sensationnel : des pleurs, des enfants qui grelottent, des gens affamés et de la misère noire. Ben prend donc des photos des pauvres hères qui n’ont plus rien. L’un d’eux ironise sur le Daily Bugle. Le journal les aide mais pas de la façon qu’on imagine. Il en a partout sur le corps pour le tenir un peu au chaud, dans les chaussures, sur le torse et même dans les parties intimes... Après tout, des feuilles de chou pareilles, ça sert surtout à se torcher avec ! Ben voit au loin un groupe qui est en train d’écouter une femme parler de façon véhémente. Il s’agit de la révolutionnaire May Parker qui exhorte à la lutte contre les politiques et contre leur situation. Ce discours engagé semble gêner Montana, Fancy Dan et le Bœuf qu’on appelle les Exécuteurs. Ce sont les sinistres hommes de main du Bouffon. Ils sont visiblement là pour en découdre et faire taire May. Le jeune Peter s’interpose mais il est rudement malmené par le Bœuf. On ne peut pas lutter contre la loi du Bouffon…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’était en 2008. À l’époque, Marvel avait l’idée folle de retransposer certains de ses personnages (Iron Man, les X-Men, Luke Cage, Punisher…) dans le monde du polar. Ce projet ambitieux porte le nom de « Marvel noir » en hommage au récit policier sombre des romans et films noirs. Évidemment, il fallait une version de Spider-Man dans cet univers. Cette réédition (vraiment pas chère) reprend tous les titres qui mettent en scène Spidey comme vous ne l’avez jamais vu, avec des lunettes d’aviateur, un chapeau et un imper de détective privé et des flingues à la main ! Mais ce n’est pas tout car David Hine ne se contente pas de bousculer les codes du personnage fétiche de la Maison des Idées. C’est véritablement tout l’univers qui est chamboulé avec des personnages totalement remaniés pour coller à la grande Histoire des années 1940. Même Tante May devient une personne bien différente. Chaque changement est un véritable trésor tant la transformation est subtile et intelligente, servant parfaitement le récit. L’ambiance polar n’est pas que dans l’intrigue mais également dans le côté très adulte du comics avec des super-vilains reconvertis en mafieux implacables, une corruption étouffante et un contexte politique angoissant. Vous n’êtes pas prêts d’oublier la glaçante version du Dr Octopus, terrible avatar du sinistre Dr Mengele. Les meilleures histoires sont les deux premières, et de très loin, et l’ajout des mini récits suivants ou le long récit sur la déesse Inanna montrent à quel point les débuts de David Hine étaient réussis comparé aux suites insipides et à la limite du grotesque. Dommage également que cette réédition, pourtant de bonne qualité en terme de bouquin, propose un visuel aussi sombre ! Polar oui mais pas au point de ne pas pouvoir discerner et le texte et certains dessins... L’ensemble reste une belle curiosité à redécouvrir.