L'histoire :
P’tit Hughie n’est plus un bizut chez les Boys. Il a bien mérité quelques explications de la bouche même de « La Légende », dont il comprendra aussi le passé. C’est ainsi qu’il apprend que pour Vought American, tout a commencé pendant la Seconde Guerre Mondiale, en refourguant à la Navy des fers à repasser en guise d’avions. Puis il y a eu le Vietnam. Et là, c’est le fusil mitrailleur M20 qui pétait régulièrement à la gueule des GI. Tout ça ne faisait pourtant pas de vagues, grâce aux pots de vin distribués à tour de bras au plus haut sommet de l’Etat. Jusqu’au coup de génie : l’invention des super-héros et la propagande dont ils bénéficient à travers les comics. Et dire que ces cochonneries de magazines rapportent des dizaines de millions ! Pendant ce temps, Butcher rencontre Le Protecteur, chef des Sept, le groupe de Supers le plus puissant, pour ce qui ressemble à la fin de leur pacte de non-agression. Un rendez-vous musclé s’impose, sur les décombres du pont de Brooklyn, détruit un certain 11 septembre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Je vais pas vous mentir, terriens, on en apprend beaucoup dans ce tome qui réunit les épisodes 18 à 22. Mais que c’est bavard ! La Légende est un clin d’œil savoureux qu’Ennis s’adresse à lui-même, à travers ce personnage cynique de créateur de comics, qui finit par être dégoutté de la propagande à laquelle il participe. Mais ses monologues finissent par être longuets. La ficelle du consortium aussi véreux que les politiciens qu’il nourrit est bien grosse et cette réinterprétation du 11 septembre frise le grand n’importe quoi. Après tout, on est dans la logique de la série, c'est-à-dire en pleine parodie. Mais là où la caricature des Supers pouvait faire sourire, en faire aussi l’instrument d’une attaque en règle des institutions américaines est un procédé limite. Très limite. L’humour gras au service de la démagogie, Ennis pourra repasser, pour cette fois, et revenir à des ambitions plus légères : celle de divertir son public, sans essayer d’être politiquement subversif. Critiquer la paranoïa qui a envahi l’Amérique après les attentats, c’est bien ; mais le faire de la sorte est in fine grotesque. Même le dessin de Robertson devient faible, quand il s’agit d’illustrer les avions. Pour sûr, ces épisodes ne rentreront pas dans… la Légende !