L'histoire :
Tout petit, déjà, Jesse Bravo effectuait des vols avec son père pilote, chargé par le gouvernement américain de cartographier le pôle Nord. Pour lui, la voie était toute tracée. Déjà habile pilote alors qu'il n'était qu'adolescent, il prêta main-forte des années à son père pendant dirigeait cette fois-ci un service d'affrètement. Jusqu'au jour dramatique où ses parents se tuèrent dans un crash. Il était temps pour lui de quitter l'Alaska. Il régla les affaires de succession et vendit l'entreprise de son père, pour accomplir des contrats de pilote de fret. Texas, Oklhoma, Californie... Où il s'enrôla dans la Navy. Pilote de chasse près de San Diego, sur la base de North Island. Puis une opportunité se présenta : le cinéma de propagande ! Son escadrille fut choisie pour le tournage du film durant lequel sa capacité à faire les manœuvres pour les cascades fut remarquée. Le temps de finir son contrat avec l'Armée, après un bref interlude comme pilote de ligne en Amérique Latine, il commença à multiplier les rôles... ce qui lui permit d'investir dans sa propre compagnie de fret, la « Bravo Air Charter Service ». Et on commença alors à parler de lui à Hollywood...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans sa préface, Dean Mullaney nous livre pas mal de clés de compréhension de la série d'Alex Toth. Dès les années 50, l'auteur remit en cause l'industrie du comics, car il considérait que les dessinateurs étaient sous la coupe de scénaristes eux-même très dépendants d'un rédacteur-chef, lui même « à la botte » d'un éditeur... Bref, c'était un dessinateur avant-gardiste, avec une vision quasi politique de son métier et de la façon dont on considérait les auteurs, doublé d'un artiste à la patte incroyable. Son classicisme trouve ses sources chez Milton Caniff et Noel Sickles, qu'il n'hésite pas à citer. Mais écrire ses propres histoires ne s'avéra pas facile, et aux States, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on ne lui rendit pas la tache facile. Alors cet album, qui consacre les aventures de Jesse Bravo, a aussi une sacrée drôle d'histoire, avec de nombreux projets de publication qui finirent par capoter. Les éditions Paquet le présentent en 2 versions : une Noir et Blanc (format géant à 35 €) et une colorisée par Fabien Alquier (grand format à 19 €). Il est à noter qu'Alex Toth avait lui même colorisé quelques planches ; et la version couleur ne manque pas de charme. Alors que dire du fond ? Hé bien, il s'agit d'un hommage aux Années Folles, avec un Jesse Bravo qui ressemble à deux gouttes d'eau à Errol Flynn. La saveur qui se dégage de ces pages se voulait déjà rétro à l'époque (il y a 40 ans). Inutile de vous préciser qu'avec le temps passé, cette caractéristique est renforcée. Alex Toth voulait en effet jouer avec les stéréotypes de l'époque et les pousser à leur maximum. Une lecture actuelle permet d'y voir un hommage assez léger et amusant. Ce brave pilote finit par être embarqué dans de sombres histoires plus souvent que sur son biplan ! Et ce n'est pas non plus un hasard si le dernier « feuilleton », totalement indépendant du reste de l'album, s'avère complètement délirant et touche aux frontières du psychédélisme en caricaturant le genre. Une curiosité qui ravira les amateurs de l'auteur et séduira ceux qui aiment l'art séquentiel à la manière d'antan !