L'histoire :
Jamie McKenzie est un héros de guerre. Le Flight Lieutenant a d'ailleurs reçu la DSO (Distinguished Service Order), médaille qui récompense sa bravoure exceptionnelle. Volontaire pour des missions quasi suicidaires en camship, il a sauvé un convoi entier en détournant de leur cible un escadron de bombardiers-torpilleurs nazis. Soit dit en passant, cela représente la bagatelle de douze avions attaquant en même temps. Mais il ne pouvait pas savoir que son arrivée à la base de sa nouvelle affectation allait virer à la catastrophe. Alors que la tour de contrôle lui avait donné la permission d’atterrir, son Mosquito a percuté un autre chasseur qui rentrait amoché, contraint à un atterrissage d'urgence et dont la radio ne fonctionnait plus. McKenzie s'en est tiré miraculeusement avec quelques égratignures, mais l'équipage du bombardier est salement amoché. Et les pilotes blessés sont des amis du Colonel de la base, qui va prendre le nouveau pilote comme tête de turc, même si son crash a été un coup du sort...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne le répètera jamais assez, Garth Ennis n'est pas qu'un scénariste qui se complaît dans l'humour gras et de mauvais goût. C'est aussi un passionné de l'histoire des conflits. Après le monstrueux War is Hell et l'épique Johnny Red, il s'attache une nouvelle fois à nous livrer une magnifique histoire de pilote. Et c'est avec un grand plaisir qu'on retrouve le duo qui a signé le dernier opus cité (publié chez Komics Initiative). Out of the Blue raconte en effet l'histoire de Jamie McKenzie, un pilote doté d'une sorte de double personnalité : sur le plancher des vaches, c'est un homme effacé, rongé par les questionnements que suscite la guerre. Mais une fois aux commandes de son avion, c'est un tueur de première, un as du manche à balai. Le récit est donc parfaitement équilibré entre action et psychologie. Dès le premier chapitre, les bases d'un drame sont posées, parce qu'il va tomber sur un Colonel qui est un beau salaud. L'art de la narration et des dialogues de l'irlandais se couple avec le dessin de Keith Burns, à nouveau impressionnant d'efficacité, avec un enchaînement de scènes de batailles et de portraits inquiétants. L'ensemble aspire le lecteur dès les premières pages pour ne jamais le lâcher. Cerise sur le gâteau, Ennis taille un beau costard à l'Angleterre colonialiste en introduisant le personnage d'un navigateur venu d'Inde. Ajoutez également un mélodrame lié à l'épouse du personnage principal et on a là une histoire particulièrement dense et riche d'émotions. Voici donc un comics remarquable, entre autres parce qu'il souligne l’humanité de ceux qui ont connu le pire : la guerre.