L'histoire :
Bruce Paine est un riche héritier qui officie en secret sous les planchers de marbre lisse comme le plus grand des justiciers du coaching : l'Ultimatum. La nuit, il n'hésite pas à répandre ses conseils de positivisme sur la société dans le quartier de Hell's kitchenette. Là-bas, il croise un sans domicile fixe qui lui raconte qu'il vit dans la rue depuis qu'Ultimatum et son groupe de héros, le Dégraisscadron, ont fait fermer son entreprise. Bruce offre alors quelques uns de ses livres sur la façon de réussir en société et disparaît aussi sec. Le lendemain, au siège de la Paincorp, Ultimatum présente aux membres de son groupe de héros ses nouvelles envies. L'un des actionnaires déclare alors que l'entreprise n'appartient plus à Paine et qu'il est donc par la même occasion licencié. Ruiné et reclus, Bruce trouve refuge auprès de SDF et s'interroge sur son sort...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'éditeur de littérature Presque lune se lance dans la publication de comics avec, notamment, Les aventures d'Ultra-Chômeur, un roman graphique indépendant publié aux USA. Erich Origen est un scénariste qui a pas mal galéré jusqu'à sa rencontre avec Gan Colan, un dessinateur avec qui il réalise Goodnight Bush, un récit qui remportera un beau succès dans le New-York Times. Avec Les aventures d'Ultra-Chômeur, ils revisitent la thématique du super héros au travers d'une critique acerbe du capitalisme. Le personnage principal, Bruce Paine, est une version patronale de Batman et se nomme l'Ultimatum. Il disperse ses conseils de positivisme jusqu'à ce qu'il soit licencié. Dès lors, il découvre l'envers du décor, les «rebuts» d'un système injuste et pervers. Le récit est plutôt bien pensé et se révèle fort amusant à suivre. Le côté parodique des différents super héros revisités ne manque pas de saveur et saura autant vous amuser que vous faire réfléchir à certains excès de la finance. Outre l'humour omniprésent, l'histoire n'en reste pas moins une démonstration cinglante de l'échec d'un système qui digère les travailleurs pour mieux les exclure. Certes, la critique n'est pas toujours très subtile mais elle est argumentée intelligemment. Visuellement, le trait de Gan Golan est très sympathique, évoquant des artistes classiques (et donc incontournables) du type Jack Kirby ou Steve Ditko. Ce classicisme est assumé et bien en phase avec un tel album. Voici une lecture avisée et fortement conseillée à un certain Président qui a, semble t-il, oublié depuis son élection qui sont les véritables ennemis de la finance...