L'histoire :
De nos jours, Sami vit avec son grand-père dans une baraque bricolée à partir d’une coque de bateau retournée, sur une côte du golfe du Bengale. Il y a quelques semaines, ses parents ont été emportés par un violent typhon. Aujourd’hui, leur problématique, c’est que l’océan les inonde de plus en plus souvent. Il va leur falloir trouver un endroit plus en hauteur et lors de ce transit, éviter de se faire piquer leurs matériaux par des voisins peu scrupuleux. Lors d’une pêche, ils trouvent un requin mort, qui s’est débattu jusqu’à l’épuisement avec un filet de chalut. Ils pensent pouvoir le revendre un bon prix ! Ils passent la journée à le hisser à bord de leur petit catamaran… mais lorsque la nuit tombe, leur prise est réquisitionnée par des pirates. De l’autre côté du globe, Yuki habite avec ses parents dans un village de plus en plus dépeuplé du Nord polaire arctique, au Canada. Elle vit de plus en plus souvent seule avec son chien Trismus. Aujourd’hui, elle s’est fixé une mission un peu folle : repousser un « grolaire » (un ours mutant, situé entre le grizzly et le polaire) au loin, afin d’éviter que des chasseurs ne le tuent. Elle fait l’école buissonnière en cachette de tous, pour se lancer dans cette aventure en solitaire sur la banquise…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre est explicite : à travers Climat, nous vivons les aventures en parallèle de deux adolescents victimes du réchauffement climatique. D’un côté, Sami et son grand-père sont en prise directe avec la montée des eaux et la violence des typhons dans le golfe du Bengale. La survivance basique et la migration de leur habitat sont leur quotidien. Ils se confrontent aussi à des spoliations mafieuses et une mentalité détestable. De l’autre côté du globe, Yuki pâtit du réchauffement de la banquise, qui libère, en fondant, des quantités dingues de méthane, un gaz qui accélère encore le réchauffement. Mais la mutation climatique produit aussi des ours mutants incapables de se nourrir seuls (les « grolaires », que Jérémie Moreau appelle les Pizzlys). L’un comme l’autre vont frôler la mort pour aller au bout de leurs convictions : dans un ouragan pour le premier, traqué par un ours super féroce pour la seconde. L’intention pédagogique de ce scénario à double lame est évidemment bonne : il s’agit d’alerter (une fois de plus !) sur la catastrophe climatique en cours, afin d’espérer (une fois de plus) que ça puisse influer nos confortables comportements. Tout comme pour le précédent Migrants, le dessin semi-réaliste de Giovanni Rigano est vif, riche, coloré, très agréable à suivre. La narration, qui alterne en ping-pong les séquences, se montre elle aussi bien rythmée, bien qu’elle abuse de la facilité des encadrés qui reprennent les pensées des protagonistes, tout comme elle pousse à l’excès les vertus des ados face à des situations extrêmes téléphonées. En somme, de la pédagogie cousue de fil blanc, mais toujours utile.