L'histoire :
Le gigantesque vaisseau Infinity 8 voyage à la vitesse sub-photonique en direction de la galaxie d’Andromède. A son bord, 880 000 passagers, comprenant 257 races, dont l’agent Yoko Kersen, humaine militaire sexy et athlétique, en recherche d’un procréateur viable parmi les 791 hommes humains présents. De fait, elle active son scanner génétique à tout bout de champs, mais elle ne tombe que sur des cas soss' truffés de pathologies diverses. Après s’être dérouillé les articulations en réglant leur compte à trois brutes qui voulaient braquer un bar, elle reçoit un appel du capitaine du vaisseau himself. Procédure 8 = convocation urgente au QG. Yoko est accueillie par le lieutenant Reffo (certes humain, mais bedonnant et alcoolique, révèle le scanner), puis par le capitaine. Ce dernier est un extraterrestre de taille gigantesque, une espèce rare vivant dans un aquarium de fluide. Il est capable d’explorer une trame temporelle durant 8 heures et, à cette échéance, de revenir en arrière ou de poursuivre la trame en cours. Cette méthode est utilisée pour envoyer l’agent Yoko à l’extérieur du vaisseau, car l’Infinity 8 est en train de traverser un curieux amas de météorites, équivalent à la taille du système solaire : des bouts de planètes, des monuments, des vaisseaux éventrés, des débris… que des artefacts qui ont un rapport avec la mort. Bizarrement la proximité de ces artefacts met en état de surexcitation les kornaliens du vaisseau, une race réputée pour être nécrophage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Annoncé par l’éditeur Rue de Sèvres en grandes pompes en janvier 2016 à Angoulême, le projet Infinity Eight se présente initialement à l’automne en 6 fascicules souples, façon comics. Ces derniers seront réunis en albums cartonnés à partir de janvier 2017 et de futurs opus, inédits eux, suivront ensuite. Autour de ce projet de space-opéra, se réunit la crème de la crème des auteurs BD néo-vétérans. Jaugez un peu le casting. Aux manettes scénaristiques de Lewis Trondheim, sous la houlette artistique d’Olivier Vatine, vont se succéder des grands noms comme Boulet, Kris, Emmanuel Guibert, Fabien Vehlmann, Olivier Balez, Killofer, Davy Mourier, Franck Biancarelli ou… Zep et Dominique Bertail. Ce sont ces deux derniers qui ont le privilège de nous introduire dans le vif du sujet, le premier au scénario, le second au dessin. Format court oblige (30 planches), l’épisode pilote nous embarque sans autre forme de présentation à bord d’un vaisseau titanesque qui traverse le cosmos, avec 257 races extraterrestres à bord (Ok, mais pourquoi ? À voir plus tard…). Une vague effluve de Sillage exhale clairement de ce début ! Une héroïne pulpeuse est alors missionnée à l’extérieur de cet astronef pour comprendre l’origine d’une infinité d’artefacts reliés à la mort ; elle se confronte aussitôt à une espèce extraterrestre nécrophage un peu collante… Miam-miam. On reconnait bien là les idées barrées de Trondheim, qui répondent en tous points au registre « pulp et pop » requis. Et ça fait Bum, Ptiou et Wizzz, également. Il y a donc du tentacule, de l’hémoglobine, mais aussi du nichon, bref de quoi ravir les lecteurs de 14 à 94 ans. Le dessin de Bertail n’est certes pas le plus chiadé et régulier de sa palette (cf. le lieutenant un peu moche), mais il présente l’avantage d’être explicite, d’insuffler le dynamisme idoine, tant au niveau des cadrages que du découpage, et de varier des décorums dantesques et un bestiaire futuriste original. Chouette, un fascicule #2/6 sort de conserve : on se jette dessus et on vous en dit plus.