L'histoire :
Personne ne sait ce qui s’est passé exactement dans la ville de Poughkeepsie. Un accident nanotechnologique impactant la centrale nucléaire locale ? Le déversement d’une substance extraterrestre qui génère des phénomènes inexpliqués et altère la perception de la matière et du vivant ? Toujours est-il qu’un large périmètre de sécurité a été formé et que des barrages militaires empêchent désormais les incursions dans ce qu’on appelle la « Spill zone ». Les rares personnes qui ont réchappé au désastre restent totalement introverties sur le sujet. Tous les autres, la grande majorité de la population qui s’y trouvait, y sont restés, dans un état incertain entre vie et mort, comme des zombies en lévitation… dont les parents d’Addison et de sa petite sœur Lexa. Les deux frangines continuent d’habiter dans leur maison isolée dans les bois, juste à côté de la frontière. Pour subvenir à leurs besoins, Addison transcende souvent l’interdit, de nuit. Elle force les barrages en moto, et fait des expéditions photographiques dans la Spill zone, pour vendre ensuite les clichés de phénomènes bizarres à de riches collectionneurs. Des balançoires qui se balancent seules ; des objets en lévitation qui forment des figures géométriques ; des zones où tout est aplati ; des animaux mutants sous des apparences complètement dingues… Addison essaie juste de respecter 6 règles de sécurité, qui lui ont toujours permis d’en revenir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Crénomdidjiu, mais quelle catastrophe a bien pu se produire dans cette incroyable Spill zone ? Vous ne le saurez pas dans le premier opus de cette série comics importée des States par les éditions Rue de Sèvres. En revanche, en suivant les incursions d’une héroïne courageuse et responsable, Addison, dans ladite zone, vous en découvrirez les improbables effets, qui bouleverseront toutes vos certitudes métaphysiques. La narration de Scott Westerfeld sait prendre le temps de ménager ses effets, de distiller les zones d’ombre, d’apporter les éléments de réponses acceptables, mais surtout les questions que pose ce contexte sur notre réalité. Et tout porte à croire qu’il en a encore sous le pied pour la suite. Dans les 3 chapitres (fascicules, aux USA) de ce premier volume à couverture souple (3 x 70 planches, tout de même !) l’auteur fait une présentation du contexte et des protagonistes, lance son héroïne dans une mission à hauts-risques, et lui impose bien des « dangers », frontaux ou sous-jacents, mais surtout imprévisibles. Alex Puvilland utilise quant à lui un dessin encré semi-réaliste adapté, quoique parfois vraiment minimaliste sur les faciès des personnages (en gros plans). Les séquences se déroulant à l’intérieur de la Spill zone se déclinent astucieusement selon un traitement colorimétrique décalé, avec des aplats pastel et multicolores fortement perturbés dans leurs pourtours. Ça « fonctionne » plutôt pas mal, eu égard aux perturbations inexplicables qu’impose la zone.