L'histoire :
Vera est une fillette d’origine russe d’environ dix ans, qui vit désormais aux USA avec son petit frère et sa mère. Bien qu’elle soit émigrée depuis quelques années, la faible capacité financière de sa famille mine ses relations sociales. Par exemple, aux anniversaires des copines, elle fait le cadeau d’un joli dessin, lorsque toutes les copines offrent des poupées et leurs tenues hors de prix. Et pour qu'elle puisse jouer avant la soirée pyjama, il faut lui prêter une poupée car, en fait, elle n’en a pas. Vera rêve d’organiser une soirée aussi chouette que celle de Sarah, et elle convainc sa mère d’accepter cela. Mais lors de sa soirée à elle, les gâteaux, les pizzas, les boissons ne sont pas des grandes marques et ses jeunes invitées sont déçues. Le camping dans la chambre est lui aussi tellement sordide, que toutes les copines appellent leurs parents pour qu’ils viennent les chercher dans la nuit. Sa fête est loupée. Trop russe, trop différente, pas assez cool. Plus tard, Vera entend parler d’une sorte de colonie de vacances en pleine nature spécialement organisée pour des enfants russes. Elle rêve dès lors d’aller y faire un séjour d’été car en compagnie d’autres enfants russes, cela ne peut que mieux se passer ! A force d’insister, sa mère accepte deux semaines pour elle et son petit frère. Vera exulte et se prépare à passer le meilleur été de sa vie. Le meilleur, vraiment ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le dessin de couverture est relativement explicite quant à la nature exacte de cet Été d’enfer… L’auteure américaine Vera Brosgol est effectivement une émigrée russe et ce qu’elle raconte sent le vécu, dans ses années de pré-adolescence. Elle avoue cependant en postface qu’il ne s’agit que d’un récit partiellement biographique, essentiellement recomposé à partir d’anecdotes tierces, de souvenirs arrangés et de faits totalement inventés pour les besoins d’une narration rythmée et intéressante pour le lecteur. Le sentiment de solitude et d’abandon du moment est cependant 100% authentique. Ce souci de sincérité est honorable et n’empêche nullement d’éprouver de la compassion amusée pour cette fillette qui se retrouve déçue par un rêve illusoire, par un camp de vacances qui tourne à la corvée interminable. Car si l’idée de ce camp d’apprentissage à la survie en pleine nature, spécialement organisé pour enfants russes, était attirante, notre pauvre Vera se retrouve bouc émissaire de comportements sociaux vachards – les enfants sont souvent cruels entre eux. Il n’y a certes rien de tragique, il ne s’agit pas d’un thriller rural sordide. Cette aventure peut ainsi tout à fait convenir à de jeunes lecteurs (à partir de 8 ans) qu’il s’agirait de vacciner contre les envies de scoutisme ou de colonies de vacances (ha les « hollywood » !). Dans ce petit livre à couverture souple et forte pagination (240 pages), Brosgol déroule un dessin stylisé très lisible, tout en bichromie (le noir et blanc se teinte d’une unique nuance caca d’oie). Vive la colonie de vacances, ouééé…