L'histoire :
Hypnos a-t-elle vraiment été créée par une déesse ? La légende flotte dans l’air alors que Jo s’apprête à y partir. Alors que la Terre est polluée, que les catastrophes écologiques se succèdent, la technologie a atteint un niveau très avancé. Mais il y a toujours des pauvres gens dans la rue ou dans le métro. Jo est artiste peintre, mais aussi graphiste. Elle a été choisie pour produire un spectacle holographique sur Hypnos avec Rachel, une musicienne qui joue de la guitare, et Chris, qui travaille dans l’animation. Becca, sa coloc, camarade de classe aux Beaux-Arts et collègue de boulot, gardera le chat de Jo, Eustache. Jo devrait être motivée par ce nouveau boulot et excitée de partir sur une planète neuve, où seuls quelques élus ont pu encore s’installer. Mais elle est dans une espèce de déni, de retenue qu’elle trouve elle-même étonnant. Elle a postulé pour ce programme presque sur un coup de tête, alors qu’elle venait de rater l’emploi de sa vie et qu’elle se séparait de son ex, reparti chez lui bosser dans la boîte de papa. Tout lui semble irréel, et cela va s’amplifier en arrivant sur Hypnos…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lane Milburn débarque en France. L’auteur américain édite son roman graphique Lure chez Sarbacane, sous le titre Hypnos, avec une traduction agréable de Julia Thévenot. Agréable, car les dialogues sont souvent assez abscons, de même que le scénario, vaguement thriller SF avec une critique de la société actuelle et de la capacité des riches et des puissants à déserter un monde qu’ils ont vidé de ses ressources pour en coloniser un nouveau d’une manière extrêmement cynique. Bien entendu, le reste de l’humanité va crever comme des rats. Les personnages principaux seront soit complices, soit opposants, mais l’intrigue va traîner longtemps avant de se dévoiler. De ce côté-là, c’est plutôt raté. Restent les dessins. Les paysages de Lane Milburn sont des opéras psychédéliques, colorés et tarabiscotés. Magnifiques. Le jeune homme se réclame de Moebius, et on retrouve volontiers une inventivité graphique foisonnante, des pages complètement folles dès lors qu’il s’agit de présenter la planète Hypnos. Sur Terre, les décors sont moins impressionnants. Les personnages sont souvent réduits à des ombres, ou colorés ton sur ton avec le background. Les cases sont souvent en mono ou bichromie de couleurs fades, alors que tout ce qui se réfère à Hypnos est bigarré. La tristesse des terriens et de la Terre tranche avec la joie vive et sereine qui se dégage d’Hypnos. Beau, donc, très beau, et psychédélique, c’est un album qu’on aime rouvrir. L’histoire ne laissera que peu de souvenirs, à moins que Lane Milburn ne se lance dans une saga pour se servir d’un monde qu’il a créé dirait-on, pour qu’on n’en retienne finalement que la partie graphique. C’est déjà énorme, tant c’est beau (on se répète).
