L'histoire :
Depuis que sa maman est décédée, son papa a sombré dans l’alcoolisme et la dépression. Marjorie Glatt, 13 ans, doit désormais assumer beaucoup (trop) de choses seule. A la maison, en plus de ses devoirs, de ses cours de piano, elle doit faire le ménage et les repas pour son petit frère Owen, s’occuper des factures… Mais surtout, c’est elle qui tient désormais l’entreprise familiale de laverie, qu’elle ouvre souvent en retard et pour laquelle elle doit gérer : encaissements, fournitures, engueulades des clients mécontents. Parmi ces derniers, le propriétaire du bail commercial, M Saubertuck attend la faillite avec une impatience non dissimulée. Il est même prêt à aider tout ce qui pourrait la provoquer. Il aimerait en effet pouvoir remplacer la boutique par un centre de spa et de yoga haut de gamme. Mais un jour, Marjorie a l’impression de ne pas être seule à la maison. Elle tourne la tête pour tenter de comprendre qui pourrait être passé devant la fenêtre… Ouf, ça n’était qu’un vieux drap sale emporté par le vent. Mais le lendemain, quand elle arrive la première dans la laverie. C’est un incroyable bazar : le linge et les draps des clients se sont envolés et jonchent la pièce. Marjorie l’ignore encore, mais ce foutoir est l’œuvre de Wendell, le gentil fantôme d’un petit garçon, avec lequel elle ne va pas tarder à sympathiser…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici le premier opus d’une trilogie imaginée par l’américaine Brenna Thummler. La tonalité se situe à mi-chemin de la chronique sociale contemporaine et de l’ésotérisme grand-public. En effet, la jeune héroïne doit affronter ici bien des problématiques adultes depuis la mort récente de sa maman et la démission de son père de son rôle de protecteur et d’éducateur. En plus de son mal-être de puberté, de sa vie de collégienne, elle doit assurer la vie domestique et gérer la laverie familiale. C’est là qu’intervient la dimension ésotérique de l’affaire, avec une légèreté bienvenue et maligne. Brenna Thummler l’amène en intercalant (en bichromie) l’histoire dans l’au-delà du fantôme de Wendell, un petit garçon qui se retrouve un peu perdu dans cette dimension parallèle qui s’exprime surtout la nuit. La convergence de ces deux êtres un peu paumés dans un monde qui les dépasse est attendue et elle produit une belle histoire d’amitié, doublée d’investigations. En raison de leur bienveillance et de leur fragilité, renforcées par une ligue d’éléments extérieurs contre eux, Marjorie est aussi attachante que son fantôme. L’invisibilité (théorique) de Wendell trouve son écho dans l’impression que Marjorie a d’elle-même dans cet horrible monde adulte. Le dessin stylisé est tout simple, mais abouti et régulier. Il tient dans la durée et donne bien envie de découvrir la suite des aventures de Marjorie et de son ami invisible.