L'histoire :
Bruce Wayne recommence à faire des cauchemars. Il faut croire qu’ils ont un lien avec trois nouveaux meurtres, dont la signature est identique. Les victimes sont lacérées et vidées de leur sang. Des marques chirurgicales qui n’ont rien des blessures qu’un animal pourrait infliger. Batman et Jim Gordon savent désormais que le tueur qui leur a échappé il y a sept ans est de retour. A l’époque, ils avaient étouffé l’affaire et Gotham n’a jamais su à quel point ces crimes étaient abominables. Ils se demandaient quand le tueur réapparaîtrait… ils ont maintenant la réponse. L’enquête débute par l’interrogatoire de Lucie Boudreaux, une vietnamienne adoptée. Impliquée parce qu’elle était systématiquement sur les lieux des crimes, elle prétendait avoir des visions et avait refusé d’en parler : elle se doutait qu’on la prendrait pour une folle. Depuis lors, elle a été recueillie par la Fondation Wayne. Elle déclare au Dark Knight que ces meurtres s’inscrivent dans un rituel destiné à ouvrir les portes de l’Enfer. Cette femme a tout d’une givrée, mais elle explique à Bruce, malgré son masque, la nature des maux dont il souffre également. Et il ne se doute pas à quel point il va entamer son chemin de croix…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
George Pratt est un artiste aux rares publications. Révélé par Le Baron Rouge : Frères Ennemis, récemment réédité par Panini, il a aussi signé Wolverine : Netsuke. Il a la particularité de reprendre des personnages qu’il n’a pas créés, en se chargeant du scénario et du dessin, et il s’autorise à s’éloigner de leurs univers initiaux. C’est donc également le cas pour ce Batman aux allures liturgiques, qui évolue dans une intrigue ésotérique : malédiction aux allures de Vaudou, confrontations avec des démons et décor christique, via une magnifique cathédrale de Gotham. L’impact visuel est très fort. On est en présence d’un comics en peinture. Le découpage exploite alternativement la verticale et l’horizontale. Chaque « case » ressemble à un petit tableau. Ce graphisme exceptionnel vise les adultes, mais il est tellement éloigné des standards du comics qu’il ne plaira pas à tous. Malheureusement l’’intrigue souffre d’un rythme saccadé et manque de fluidité. Tout laisse à penser que Pratt a, en réalité, composé un récit qui lui permettait de mettre en scène les visions de « son » Batman. La force de cet épisode repose en effet sur les symboles : entre démon et mythologie, la place de ce héros est bien celle d’un homme. Par expérience, avouons que peu de fans du Croisé Masqué apprécient ce volume… mais ceux qui ont été séduits (comme votre serviteur) y voient aussi un volet exceptionnel, à coté duquel il serait dommage de passer.