L'histoire :
Dans le froid glacé du nord, le monstre de Frankenstein continue à avancer parmi les décors enneigés. Traqué par le docteur Victor, le monstre cherche à trouver la mort et s'allonge sur la banquise. La tombe de glace ne suffit pas puisqu'elle finit par fondre. La créature se relève alors et aperçoit un volcan au loin. Elle s'en approche et voit la lave recouvrir son corps, sans qu'elle n'en ressente la moindre chaleur ou même une quelconque douleur. Prisonnier de ce cercueil de lave, le monstre de Frankenstein pense trouver le repos. Il n'en est rien puisque qu"une expédition de chercheurs finit par tomber sur ce qu'ils pensent être une sculpture ou un golem. Le lendemain, cette découverte est emmenée chez le docteur Simon Ingles. Suite à une maladresse, le coffrage en lave se brise et la créature de Frankenstein en sort vivante. Cette dernière explique d'où elle vient à cet homme qui sera son bienfaiteur. Le monstre a l'occasion de converser avec un véritable érudit qui cherche à lui transmettre sa connaissance...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Durant de nombreuses années, le dessinateur Bernie Wrightson a impressionné par le soin qu'il apportait à chacune de ses planches. Après avoir participé entre autres aux revues Eerie, Creepy ou Vampirella, il illustra le roman Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley. Pour cet exercice, il proposa des dessins d'une telle qualité et à l'encrage hallucinant de réalisme et de finesse que chacune des rééditions futures de l'ouvrage sera à chaque fois rapidement épuisée. Pendant longtemps, Bernie Wrightson pensait en avoir terminé avec le monstre du docteur Victor Frankenstein. Il a fallu la persuasion du scénariste Steve Niles, connu des lecteurs de comics pour sa série 30 jours de nuit, pour que l'artiste ait envie de se lancer dans la suite des aventures de la créature. Le premier choc est évidemment d'ordre visuel. Bernie Wrightson est comme le bon vin, il se bonifie avec le temps. Impressionnant autrefois dans son travail d'illustration sur le roman, il parvient à conserver toutes ses qualités dans une narration comics. Les trois épisodes contenus dans ce premier volet impressionnent tous. Il y a aussi des clins d’œil que l'artiste s'est permis de faire à sa performance passée comme la salle des expériences du docteur Ingles. Cette claque (et prouesse) visuelle de Wrightson sert en plus un récit habile de Steve Niles. Ce dernier s'appuie sur le livre de Mary Shelley pour mieux consolider son histoire et parvient en plus à narrer de façon très littéraire l'ensemble. Le monstre apparaît toujours plus touchant et la peur qu'il génère chez tous ceux qui le voient le rapproche d'une certaine façon du fameux Elephant Man de David Lynch. L'édition est de bonne facture, même si on aurait apprécié un papier de meilleure qualité. Le monstre est vivant est un album d'ores et déjà indispensable aux fans de Wrightson, de Frankenstein mais aussi des amateurs d'ambiances gothiques. Magistral.