L'histoire :
Par une nuit de septembre 1944, dans un quartier de Brooklyn, un petit garçon est réveillé par les cris de scout, son petit chien. Le cabot descend du lit sur lequel il dormait jusqu'ici et passe la porte de la chambre. L'instant suivant, il est renvoyé par de drôles de tentacules. Celles-ci sortent de l'obscurité et emmène avec eux le petit garçon. Témoins impuissants, les différents jouets de l'enfant sortent de leur coffre et partagent leur peur. Pour eux, il ne fait aucun doute qu'il s'agit du croquemitaine : il a emmené le garçonnet dans l'obscurité. Rapidement, certains autour de Max, l'ours en peluche, fomentent une mission de sauvetage. Dirigé par le soldat de plomb surnommé le Colonel, le convoi de sept jouets, suivis par Scout, franchit le seuil de la porte. L'instant suivant, ils se retrouvent tous dans le royaume du croquemitaine. Leur apparence a changé aussi : le gentil nounours est devenu un grizzli féroce, le soldat de plomb un génie militaire... Malgré le monde inconnu et les difficultés qui s'offrent à eux, ces jouets comptent bien retrouver leur petit maître.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'étoffe des légendes a de fortes chances de combler les amateurs de récits originaux. Mike Raicht et Brian Smith ont imaginé une histoire emballante : un petit garçon est enlevé par l'affreux croquemitaine, et ses jouets partent donc à sa rescousse ! L'idée des joujoux qui s'animent rappelle certes irrémédiablement les films Toy Story, mais les scénaristes ont eu une idée astucieuse en plus. En effet, lorsque les jouets passent dans le royaume obscur du grand méchant, leur apparence change. Simple ours en peluche, Max devient un grizzli puissant et féroce, à l'image de ce qu'aurait pu imaginer un enfant... En adoptant ce visuel plus réaliste, le récit perd son ton enfantin pour s'ouvrir sur une aventure plus épique, qui n'est pas sans évoquer la fabuleuse série Fables de Bill Willingham. On pourrait comparer ainsi le croquemitaine à l'Adversaire. Le récit utilise à merveille les souvenirs issus de l'enfance et les jeux qui ont marqué nombre d'entre nous. La seconde moitié de l'ouvrage dévoile même une sorte de jeu de l'oie. Les auteurs exploitent idéalement les thématiques du racisme (l'exclusion du chien), l'amitié ou la guerre. Ce premier album est très prenant, les rebondissements sont nombreux, les personnages travaillés et les dessins de Charles Paul Wilson III enrichissent le tout d'une patte graphique originale et léchée. Le format est proche de celui de Légendes de la garde et rend ainsi justice au trait. Voici un premier opus bigrement prometteur. L'air de rien, il parvient à rappeler combien le monde de l'enfance peut être aussi merveilleux qu'effrayant.