L'histoire :
1983, l'été touche à sa fin sur l'île de Brody Island et une adolescente se prélasse nonchalamment sur la rambarde d'un pont. Une voiture de police se rapproche et laisse apparaître la tignasse rousse d'un beau jeune homme, chemise entrouverte et lunette aviateur vissé sur le nez. L'officier regarde sa montre et constate que sa journée est terminée et qu'il va pouvoir embrasser fougueusement sa jolie petite amie. Alors qu'il rentre tranquillement en ville, Liam et June découvrent alors un peu plus loin, un camion de transfert de prisonniers, arrêté sur le bas-côté. Lourdement armés, les hommes du shérif Clausen sont sur les dents car quatre détenus se sont fait la malle et la traque est désormais lancée. Dans le doute, le shérif demande à Liam de bien vouloir se rendre chez lui afin de rassurer sa femme car il ne semble pas avoir une grande confiance en son propre fils. June l'accompagne et découvre la splendide demeure de la famille et notamment l'impressionnante collection d'armes vikings appartenant au patriarche Clausen. Mais alors que la soirée semble se dérouler tranquillement, le téléphone retentit et le shérif annonce qu'un homme a été assassiné par les malfrats. La mère et le fils quittent donc la propriété afin d'apporter leur soutien à la veuve de la victime et June et Liam restent seul sur place. Pour rajouter à l'angoisse, une tempête est en train de frapper l'île et coupe l'électricité un peu partout. Un bruit se fait soudain entendre, les criminels en fuite pénètrent furtivement dans les lieux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est notamment avec l'incroyable série Locke and Key que le romancier Joe Hill, fils d'un certain Stephen King, a coupé le souffle aux amateurs de comics. Fort de son succès dans la catégorie de l'horreur en bande dessinée, il en profite donc pour lancer une collection frisson chez l'éditeur DC comics sobrement appelée Hill House Comics ! Il nous concocte ici un bluffant polar en huis clos avec la touche de fantastique qui a fait le succès de son estimée lignée. La jeune et effrontée June découvre en effet avec stupeur que lorsque qu'elle décapite quelqu'un avec l'ancienne hache viking, qui soit dit en passant possède le pouvoir de l'arbre de vie, les têtes des victimes continuent de parler ! Il en résulte des dialogues cocasses et délicieux entre ces malfrats dépourvu de corps et June, qui devient, au fur et à mesure des pages, une anti-héroïne complètement badass. Mais au-delà de cette trouvaille scénaristique pour le moins original, Joe Hill signe avant tout un excellent polar qui sent bon les eighties, avec une maîtrise assez impressionnante de la construction de son récit. Il s'associe avec le dessinateur italien Leomacs dont le style graphique colle parfaitement aux codes visuels des récits d'horreurs vintage américain façon EC comics. À la fois classique et très expressif, son travail colle à merveille à l'ambiance de ce polar complètement déjanté, et l'adaptation en petit format pour la collection Nomad fonctionne en plus très bien. En gardant la tête froide, on peut dire que ce titre va vous la couper...