L'histoire :
Il reçoit une lettre. Et il n’aime déjà pas l’entête : « Cher Détective ». Quand Batman reçoit ce genre de message anonyme, c’est tout sauf quelqu’un qui le chérit. La suite ne fait que confirmer ses pensées. L’écriture est frénétique et la personne a crayonné de nombreux mots, comme s’il rejetait sa fureur meurtrière sur le papier. L’individu interpelle directement le Justicier, de façon familière. Comme s’ils étaient amis ou comme s’ils se connaissaient depuis longtemps. « Mais je suis ce qui donne un sens à ta vie ». Ben voyons. Il a déjà entendu ça de la bouche de son pire ennemi : le Joker. Ce serait bien son style puisque dès le début, il parle de jeu. Il n’y a vraiment que ce psychopathe pour croire que tuer et semer le chaos est un jeu. Mais la suite n’est pas si claire. Pourquoi parler de devinettes, de coups d’avance ? Serait-ce Edward Nigma ? Toujours est-il que ce pseudo fan ou ami le met au défi de le retrouver. Cela tombe bien : Batman est en effet un détective et il va vite savoir qui se cache derrière ces mots.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lee Bermejo revient sur le devant de la scène ! Après près de cinq ans de silence, deux de ses productions paraissent coup sur coup chez Urban. Dont un avec l’inévitable Batman. Ce Cher Detective à la particularité de n’être ni un comics ni un art book. De façon plutôt originale, Bermejo (qui est au scénario également) invente une lettre provocante adressée au Chevalier Noir qui devient presque une devinette pour le lecteur qui devra trouver l’identité du mystérieux expéditeur. Le reste n’est qu’un délice pour les yeux puisque de grandes pages doubles ou simples mettent en avant l’art unique de Bermejo. Même si l’idée de départ est plutôt original, cet « album » fait quand même dans la facilité. Peu de textes et des dessins parfois « recyclés » qu’on réutilise dans cette pseudo histoire. Même la révélation finale déçoit un peu, tant elle est finalement anecdotique et peu intéressante. On ne pourra pas critiquer par contre le talent graphique de l’auteur : il faudrait être aussi fou que le Joker pour ne pas voir que Bermejo est un maître en la matière. Dans des tons souvent rouge ocre, avec un noir puissant, son style est de plus en plus réaliste et de plus en plus marquant. Aussi naturaliste qu’Alex Ross, son dessin a la dureté organique de Glenn Fabry. Malheureusement, le principe de plaquer des illus parfois réutilisés sur des textes qui n’ont rien à voir perd largement en efficacité. Même si on est heureux de retrouver Lee Bermejo, on préfère admirer son immense talent dans le superbe artbook Lee Bermejo Inside.