L'histoire :
Dans le quartier mal famé des Heights, une famille a été massacrée dans son appartement. Faisant fi de ses obligations mondaines et politiques, le commissaire Gordon fait de la traque du meurtrier sa priorité. Pendant ce temps, Batman enquête sur la prolifération dans les rues de Gotham d'une nouvelle drogue extrêmement puissante: le Boost. Plus tard, Bruce Wayne et Jim Gordon se croisent, le temps d'un gala de bienfaisance au proft d'un refuge pour les enfants maltraités mis en place par le docteur Brian McLean, aidé en cela par sa sœur Sybil et par un de leurs amis, Josh Adams. Gordon est appelé sur le lieu d'un autre massacre : cette fois ci dans un manoir d'un quartier huppé où les membres de la famille Rizzoli ont été assassinés. L'enquête va révéler des motifs encore plus sordide quand les enquêteurs vont découvrir que les parents assassinés maltraitaient leurs enfants et ce alors même que Jim Gordon est confronté à ses démons intérieurs et que sa famille se désagrège sous ses yeux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
est une histoire de Batman qui sort un peu de l'ordinaire. Au milieu de nombre de scénarios faisant la part belle aux super-adversaires classiques du détective masqué, tels que le Joker ou Double-Face, il est rare de trouver des récits faisant honneur à la qualité première de Bruce Wayne : ses talents de détective. Hors, nous avons ici une trame toute sordide mettant en scène des meurtres bien abjects avec, en fond, le thème général de la maltraitance des enfants. Ce thème est d'ailleurs le fil rouge du récit puisque l'on suit la (presque) descente vers cet enfer du commissaire Gordon qui réprouve des pulsions violentes qu'il ressent à l'égard de son rejeton, James. Si cette dernière idée est intéressante, il est un peu grossier d'avoir choisi un personnage aussi iconique et quasiment intouchable que Gordon pour tenir le rôle du père en plein doute. Cela remet en question trop de choses que l'on croyait savoir sur le personnage (alors même que le lien avec Batman : Year One est assumé ici) et il aurait mieux valu suivre un personnage de flic anonyme de Gotham, l'impact aurait été plus fort. Dommage car le traitement de la spirale descendante, de l'influence de l'environnement, du passé et de la fatigue est très bien amenée et intéressante. Du côté de Batman, s'il est effectivement réjouissant de le voir enfin assumer un rôle de détective et non pas seulement de machine de guerre bardée de gadgets hors de prix, la manière dont il finit par trouver le coupable est décevante (la solution semble surgir de nulle part, juste parce que notre héros a su reconnaître une référence, comme ça). Est-ce vraiment une histoire de Batman, d'ailleurs ? Sorti de l'esthétique languissante de Gotham et de la mythologie du héros, on doit admettre qu'on est face, du point de vue du scénario, à ce qui aurait pu faire un bon épisode de série policière, sans plus. Les illustrations de Scott Hampton (à qui on doit entre autres les dessins de Sandman Presents: Lucifer) apportent une réelle valeur ajoutée au comics en apportant l'ambiance sombre et poisseuse ad hoc et donnent une vraie profondeur aux expressions des personnages (notamment Gordon). Petit OVNI comics aux illustrations rares et au scénario nettement plus ancré dans la réalité que la normale, plaira surtout aux fans du plus grand des détectives et aux amateurs d'histoires âpres et tourmentées.