L'histoire :
C’est la canicule à Gotham : sale temps pour une opération. Et pourtant, Batman a du boulot car un prisonnier de l’asile d’Arkham va être transféré au pénitencier spécial de Blackgate. Ce n’est pas n’importe quel prisonnier puisqu’il s’agit de Edward M. Pressler, un meta humain capable de tout faire exploser. La situation s’annonce tendue puisque les criminels et autres désaxés semblent s’en donner à cœur joie et tous sortent, les esprits échauffés par la chaleur. Batman est toujours prévoyant alors il survole le convoi qui amène EMP. Même si la police encadre le fourgon, il préfère être prudent et suivre de près l’avancée du transfert. Comme deux précautions valent mieux qu’une, il est également en lien constant avec Alfred : son fidèle majordome doit lui faire un compte rendu régulier du pouls d’EMP. Il faut s’assurer que les drogues resteront efficaces jusqu’à la fin du « voyage » car sinon, aucune cage ni aucun flic ne pourra le contenir. Pas sûr que le Chevalier Noir lui-même y parvienne.... Les nouvelles en bas ne sont pas bonnes : Gotham bouillonne et les exactions se multiplient tout autour de la ville. Pour une fois, Batman n’intervient pas : il reste concentré sur le fourgon. EMP ne doit surtout pas arriver à s’évader…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est un petit événement en soi puisque Jock, dessinateur émérite de chez DC, se lance enfin seul dans une histoire qui met en scène son personnage préféré : Batman. Cela se voit d’ailleurs dès le début puisque l’Ecossais respecte à la lettre tous les archétypes du personnage et déploie une intrigue très classique, bien loin des récits complexes et alambiqués à la Scott Snyder ou à la James Tynion IV. Si le scénario n’a rien de bien inventif, c’est plutôt le traitement de l’histoire qui nous scotche totalement. Vous allez être rapidement happé par cette écriture nerveuse et cette course poursuite haletante. Pas de répit pour le lecteur qui va découvrir un Batman aux abois et plus vulnérable que jamais, de sorte qu’on se demande bien qui est la proie et qui est le chasseur dans cette course contre la montre démentielle. Plus crépusculaire que le dernier film The Batman, ce récit met en plus en scène un nouveau vilain à la fois explosif et profondément humain. Même le Chevalier Noir va finir complètement méconnaissable devant la violence et l’implacable imagination de Jock. Une véritable descente aux enfers qui devient quasi expressionniste avec un graphisme particulier mais diablement expressif. Le dessinateur livre une prestation électrique avec des plans renversants, des cases éclatées et des visages qui se tordent, tant l’audace et l’inventivité suintent de partout. A la Dave Mc Kean dans Arkham Asylum, Jock réinvente Batman dans une version cauchemardesque, saisissante et mémorable. Le final en apothéose ponctue magistralement une nouvelle page historique sur Batman.