L'histoire :
New York. 1971. La nuit souffle un brouillard couleur suie. L’immobilité règne, uniquement brisée par des bouffées de vent et le clapotis étouffé de la mer. De l’autre côté de la baie, les lumières de la ville brillent faiblement, froidement, semblables à des balises vers l’enfer. Silencieux, figé comme un oiseau de proie, le lugubre Batman se tient au sommet de la Statue de la Liberté. Attendant, attendant encore... Puis, dans la torche brandie par le massif édifice, une silhouette furtive inonde de lumière les recoins d’ombre, sa voix siffle, dans un soupir rauque. Un malfrat vient de donner rendez-vous à Batman par l’intermédiaire du commissaire Gordon. Cet homme s’apprête à trahir le terrible Docteur Darrk, le chef de la Ligue des Assassins. En échange d’informations permettant de coincer Darrk, le malfrat souhaite la protection de Batman. Hélas, des hommes de la Ligue des Assassins viennent de tuer le traitre avant qu’il ne puisse dévoiler les plans de Darrk. Toutefois, dans un dernier souffle, l’ex-malfrat indique à Batman que Darrk sera dans le Soom Express dans quelques jours. Et c’est dans ce vieux train que le Chevalier Noir retrouve le chef de la Ligue des Assassins, mais très vite ce dernier, aidé de ses hommes de main, arrive à faire prisonnier Batman. Lorsqu’il revient à lui, il est enfermé dans une cellule avec une jeune femme nommé Talia. C’est la fille du puissant Ra’s Al Ghul...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Malgré une arrivée tonitruante dans le petit monde des comic books en 1939, le personnage de Batman a beaucoup évolué au travers de ses aventures si bien qu’à la fin des années 1950, le Chevalier Noir avait perdu son caractère menaçant jusqu’à en devenir insipide dans les années 1960, suite à la série TV. Il faudra attendre les années 1970 pour que le scénariste Dennis O’Neil et l’artiste Neal Adams donnent à Batman un ennemi qui fera date : Ra’s Al Ghul. Et c’est par le biais de cet ennemi puissant qui a des projets ambitieux et nébuleux que le personnage de Batman se réinvente au fil des pages. En effet, face à Ra’s Al Ghul, il n’est souvent qu’un pion dans l’échiquier des machinations de son adversaire et ce, jusqu’à en perdre pied. Du côté des dessins, Neal Adams et consorts mettent en avant un graphisme certes suranné mais qui colle bien avec les ambiances et les standards des années 1970. C’est un vrai régal pour les mirettes ! En fin de compte, Batman Tales Of The Demon est un recueil à la patine vintage omniprésente mais avec qui a le mérite de transcender son récit en mettant en avant Ra’s Al Ghul, un visage du mal nouveau qui cherche à séduire ce qu’il ne peut détruire. L’affrontement entre Ra’s Al Ghul et Batman marque ainsi l’effondrement des certitudes morales du Chevalier Noir et laisse entrevoir son côté obscur. Celui-là même qui a façonné le Batman moderne...