L'histoire :
Batman et Robin traquent des trafiquants jusqu'au hangar où ils stockent leur marchandise. C'est une mission ordinaire pour le duo dynamique, mais au moment où Batman planifie leur assaut, Robin n'attend pas la fin des instructions de son mentor. Le voilà qui se rue sur les malfrats, au dépit du bon sens, c'est à dire de toute précaution élémentaire. Le ménage est vite fait parmi cette pègre, mais de retour au manoir Wayne, Bruce se questionne sérieusement au sujet du jeune orphelin qu'il a pris sous son aile. Jason Todd lui semble déséquilibré, happé par une problématique qui lui échappe et les met en danger lorsqu'ils enfilent leur costume respectif de justiciers de Gotham. Il fait part de son désarroi et son mécontentement à Alfred. Il pense même à retirer à Jason la charge d'être son coéquipier. C'est alors que le principal intéressé sort de l'ombre. Il vient d'assister à la conversation. Blessé, il s'adresse à Bruce en lui disant qu'il conçoit de ne plus être Robin, au moins le temps qu'il lui faudra pour se reconstruire, en reconstituant son histoire familiale. Les deux hommes assument leurs décisions, mais personne ne peut alors penser que les jours de Jason sont comptés...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il est des albums singuliers, qui marquent les épopées des super-héros, au delà de leurs qualités propres. Parce qu'ils sont adulés par les fans, parce qu'ils incarnent des symboles forts, parce que les ignorer revient à passer à côté d'une partie de l'histoire de la série dans laquelle ils s'inscrivent. C'est bien évidemment le cas d'Un deuil dans la famille. Cet arc formé de quatre chapitres datant de 1988 se distingue de bien des manières. D'une part, il marque comme il l'indique si bien, la mort du second Robin, Jason Todd. A l'époque, le Robin historique, Dick Grayson, avait fini par voler de ses propres ailes, en s'affranchissant de Batman et en devenant Nightwing, le leader des Jeunes Titans. Pour D.C. Comics, impossible de faire marche arrière, car cette série est alors celle qui se vend le mieux. Batman n'étant plus depuis longtemps un personnage évoluant seul, il convient de lui adjoindre un nouveau partenaire sans plus tarder. Gerry Conway n'a alors pas grand chose à dire et Jason Todd débarque en urgence. Mais il ne convainc pas les fans. La réputation d'usurpateur lui colle au vinyle et il devient même assez impopulaire. C'est alors que la rédaction songe à confier son destin aux lecteurs. Dans une Amérique encore traumatisée par la prise d'otages à l'ambassade d'Iran, Jim Starlin construit un scénario totalement délirant, où le Joker devient l'allié direct de l'ayatollah Khomeini (qui figure à l'album), à grand coup de menace nucléaire. Nos deux héros se retrouvent en moyen-orient, où Superman, porte-étendard des U.S.A, finira par rejoindre le Sombre Chevalier. Quant à Robin/Jason, sa recherche sur sa mère biologique (ô hasard absolu), l'amène aussi en ces contrées bien lointaines. Kidnappé par le Joker, l'épisode se conclue sur un cliffhanger légendaire : le bâtiment dans lequel Robin est fait prisonnier saute, et les lecteurs disposent de deux numéros de téléphone, pour décider de son devenir. Pour le sauver, tapez 1, pour donner au Joker le pouvoir de le tuer, tapez 2 ! Véridique ! Et le peuple trancha, en sacrifiant le second jeune prodige... Quelques années plus tard, le jeu des dimensions parallèles permettra aussi de le ressusciter, c'est ainsi qu'il rejoindra à nouveau la famille de Batman... Voilà pour la première moitié de l'album. La seconde moitié, intelligemment proposée par Urban Comics, nous permet de revenir aux débuts de son "successeur" , Tim Drake et de voir une relation filiale se reconstruire, entre un héros atteint psychologiquement par la perte de son dauphin, et un jeune admirateur tout dévoué à lui... Cette seconde moitié est plus anecdotique mais elle est bienvenue, offrant ainsi une suite qui permet à l'album de ne pas se conclure sur une triste fin. Bref, c'est un classique, rocambolesque s'il en est, mais assez incontournable !