L'histoire :
Croyez-le ou non mais en 2044, la situation planétaire ne s’est pas améliorée malgré les belles promesses des politiciens et des industriels. Le réchauffement climatique a eu raison des glaciers et le niveau des mers a explosé, les populations tentent de gagner les rares endroits non impactés, les actes de violence se multiplient un peu partout mais heureusement un peuple résiste. Un peuple courageux qui n’hésite pas à se construire une île paradisiaque, en plein milieu des eaux internationales où l’on peut manger des espèces menacées d’extinctions. Sur cette île, pas de contrôle fiscale, pas de taxes mais surtout, surtout, pas de pauvres. Oui, sur Freedom Unlimited, seuls les milliardaires ont le droit d’y résider. D’ailleurs des drones vous expulseront si votre fortune personnelle comporte moins de neufs 0. La journaliste Shelly Bly va tenter de dénoncer un scandale sanitaire organisé par Rick Canto, l’un des créateurs de l’île, mais va se retrouver enfermée dans une cage à hamster géante avec d’autres prisonniers dont un homme qui n’a qu’une idée en tête : buter tous ces milliardaires.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès l’introduction Mark Russell nous donne le ton de Billionaire Island avec sa description de Freedom Unlimited et ses milliardaires qui mangent des steaks d’Orang-Outang et ses drones anti-pauvres : nous sommes dans une grosse farce qui tâche et qui ne prendra pas de pincettes. Et de fait, Russell redouble d’inventivité dans le cynisme et pousse les curseurs au maximum quand il s’agit d’imaginer jusqu’où peuvent aller ces ultra-riches s’ils sont dans l’assurance d’une impunité totale. Mais si l’on rit de toutes ces obscénités, c’est aussi parce qu’on se demande si on est si loin que ça de la vérité lorsqu’on voit le déni des puissances face au réchauffement climatique et autres drames sociaux provoqués par la course au profit. A ce titre, on pense beaucoup au film Idiocratie qui, sous couvert d’une histoire en apparence simpliste, dénonçait déjà les dérives du capitalisme, ou encore récemment à Don’t look up et ses milliardaires qui ne pensent qu’à fuir un problème plutôt que d’y faire face. Mais je vous rassure : le but de Russell avec Billionaire Island est surtout de prendre son pied à dessouder du gros richard avec une jouissance cathartique. Coté graphisme, on sent que Steve Pugh prend un réel plaisir à dessiner ces personnages vulgaires et outranciers avec leurs trognes vociférantes. Un album jubilatoire qui nous fait oublier pour quelque temps qu’on est tous foutus ! Cool nan ?