L'histoire :
L'heure de la rentrée des classes a sonné à Rottenville pour Spencer, Edith et Émie et ce n'est pas n'importe laquelle puisqu'aujourd'hui ils vont faire le saut dans le grand bain : le lycée ! En bon élève, Spencer se dirige vers l'arrêt de bus les bras chargés d'un monticule de volumineux ouvrages en traînant derrière lui un énorme sac de sport bien mystérieux. Sur place, il y croise les jumeaux Édith et Ernie mais les retrouvailles sont de courte durée car l'apparition du terrible et machiavélique Rufus, la brute incontestée de l’établissement, vient interrompre leur discussion. Il marque son entrée en fanfare par le crachat d'un énorme et dégoûtant chewing-gum qui vient retapisser le pauvre Ernie. Terroriser les plus faibles, c'est son plus grand plaisir et l'entrée au lycée représente donc pour lui un nouveau terrain de jeu grouillant de nouvelles proies à martyriser. A peine a-t-il franchi la porte de l'établissement scolaire qu'il cible déjà la victime parfaite : un gringalet boutonneux avec des culs de bouteilles sur le nez et un impressionnant appareil dentaire. Alors qu'il se frotte les mains en imaginant les crasses qu'il va pouvoir lui faire subir, il est soudain arraché du sol par un colosse. Devant lui se dresse Hock, la terreur du lycée et vainqueur des trois dernières guerres des brutes. A présent, Rufus va devenir son souffre-douleur préféré. La seule solution pour retrouver alors la place qui est la sienne en haut de la chaine alimentaire des prédateurs scolaires est de se faire inviter à la terrible compétition. Et si ses anciennes victimes du collège devenaient alors de précieux alliés ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Skottie Young, le trublion du comics dont le style cartoonesque acidulé est désormais bien identifié, partage cette fois-ci ses crayons avec Aaron Conley pour se concentrer sur l'élaboration du scénario de Bully Wars. I hate Fairyland, Le magicien d'Oz autant de titres à succès par lesquels l'auteur a laisser explosé sa folie créatrice en revisitant des grands classiques avec son style faussement mignon. Son domaine de prédilection est celui de l'enfance et il parvient à chaque fois à l'évoquer avec une approche sans concession dopée à la nitroglycérine. Son traitement humoristique et terriblement féroce n'est pourtant pas un simple délire débridé car Skottie Young s'attaque aussi aux tourments de l'enfance. Après avoir évoqué la question des violences intra-familiales dans la série Middlewest primée au festival d'Angoulême, il s'attaque ici au fléau du harcèlement scolaire. Traité d'un sujet aussi délicat est un exercice complexe que l'auteur relève avec une grande habilité, grâce à une bonne tranche de rigolade décomplexée et burlesque qui vise juste. L'histoire prend toute sa saveur grâce aux dessins splendides de Aaron Conley, très proche du style exubérant de Young. Ses planches frétillent de vie telle une colonie d'asticots en furie avec une galerie de superbes personnages plus affreux les uns que les autres. Le coloriste Jean-François Beaulieu rehausse quant à lui parfaitement les planches avec ses couleurs vives et éclatantes qui vous explosent la rétine tel un bonbon ultra-piquant en bouche. Allez, vous reprendrez bien un peu de brutalité dans ce monde de douceur...