L'histoire :
A l'issue du premier tome de la série, Casanova Quinn, ex-mercenaire de choc et séducteur invétéré, était sur le chemin de la rédemption. Alors qu'il était une belle ordure, un kidnapping inter-dimensionnel organisé par Newman Xeno, leader de la D.E.F.O.N.C.E., lui fit prendre la place de son alter-ego, espion de choc au service de la justice dans la dimension dans laquelle il venait d'atterrir. Pour faire simple, Newman Xeno fut défait et Casanova réussit à sauver et à abriter sa sœur Zéphyr ainsi que leur mère. Aujourd'hui, Casanova doit empêcher la mise en service d'un aéronef alimenté par une énergie révolutionnaire: l'élément H. Cependant, alors que le récit se propulse deux années dans le futur, Casanova a disparu. L'E.M.P.I.R.E. ainsi qu'une des (futures) conquêtes de Casanova, Sasa Lisi, une voyageuse temporelle, essayent de le retrouver. Zéphyr, quant à elle, reprend aussi du service mais pour aider Newman Xeno, son ex, à faire disparaître toute trace de ce fameux élément H qui pourrait bien être la clé de la disparition de Casanova.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dire que la lecture des premières aventures de Casanova Quinn s'étaient avérée ardue serait un doux euphémisme. Avec son identité graphique fortement marquée par un travail exemplaire sur les couleurs et les ombres et son scénario hallucinant faisant paraître Fantomas et les aventures de Coplan pour du ciné documentaire, Casanova rebute, enchante, déroute mais ne laisse en tout cas personne indifférent. Le travail d'illustration de Gabriel Bà est encore une fois superbe. Tandis que le premier tome adoptait une teinte majoritairement verte, l'ensemble des planches est ici d'une teinte bleue, froide et nocturne allant de pair, dès les premières pages avec ce prologue situé dans un hôpital. Grand bazar surréaliste basé sur plusieurs plans de réalité entrecroisés, Casanova est une série d'espionnage se jouant des époques, des incarnations et du quatrième mur quand cela l'enchante. Peut-on pour autant la qualifier de bizarrerie ? C'est plutôt un melting-pot ultra-référencé inspiré de courants post modernes surréalistes et absurdes. S'il n'est toujours pas aisé de s'y retrouver parmi la pléiade de protagonistes, avec différentes organisations impliquées, la série prend ici un rythme qui repose sur l'action et ce sont essentiellement les personnages du premier arc que l'on retrouve ici, ce qui est assez reposant, car le cerveau du lecteur est sans cesse sollicité pour faire la part du vrai et du faux-semblant. L'histoire est une nébuleuse permanente où personne, ni les personnages et surtout pas le lecteur, ne sait vraiment qui est qui, quand et quels sont les enjeux. Cela se lit pourtant goulûment : c'est sexy, pêchu et ça titille le cerveau en permanence tant et si bien que l'on se prend à tourner les pages en cherchant désespérément une explication ou une révélation qui ne vient jamais. Imposture magistrale ? Possible. Comics précieux et stimulant ? Pour sûr !