L'histoire :
Le lundi 4 septembre 1967 est un jour très particulier pour Jon J. Faulkner. Ce jeune Marines de 19 ans meurt d'un obus de mortier dans la jungle du Vietnam. Le lendemain, Bill Everette reçoit une lettre de l'armée lui demandant de s'engager dans l'armée. Ce jeune homme n'a pas vraiment envie de combattre pour son pays. Il tente tout : chopper la chtouille avec des prostituées ou se faire passer pour homosexuel lors de la visite médicale. Rien n'y fait : Bill part dans un centre d'entraînement, où il perd petit à petit l'esprit. Des envies de suicide et de carnage l'assaillent en permanence... Au nord du Vietnam, près d’Hanoï, Vo Bin Daï a 19 ans et s'engage dans l'armée populaire pour la grande fierté de ses parents. Après quelques exercices, il rejoint un bataillon et part en direction du sud du pays, où ont lieu les combats. A mesure qu'ils avancent dans la jungle humide, des hommes meurent peu à peu de maladie. Si Bill arrive au Vietnam avec la peur de mourir, son destin le placera en face de Vo Bin Daï, dont les motivations sont très différentes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La guerre du Vietnam a été un véritable désastre pour les USA, autant par ses pertes humaines que pour le traumatisme engendré chez des milliers de soldats et leur famille. Pour l'illustrer, la culture mainstream a surtout retenu des chefs d'œuvre du cinéma (Platoon, Apocalypse Now...). Parmi les acteurs authentiques de cette guerre, le caporal Gustav Harford servit dans le Corps des Marines et se servit de ses souvenirs pour écrire des romans... mais aussi conseiller Stanley Kubrick pour son long métrage Full Metal Jacket sur le sujet. Ce soldat n'est autre que le cousin de Jason Aaron, le scénariste du présent De l'autre côté. L'auteur s'est fait connaître ces dernières années avec son polar en terres indiennes Scalped et ses prestations récentes chez Marvel sur Wolverine & the X-Men. Dès les premières pages, Aaron choisit une approche fine, documentée et incroyablement dure. L'histoire se penche sur deux héros : l'un est un jeune américain qui perd petit à petit l'esprit devant les horreurs de la guerre, avec des visions d'horreur au quotidien. L'autre est un vietnamien qui s'engage pour sa patrie, sa famille et pour lui. De ces deux points de vue naît un récit à la fois dense, complet et débordant d'humanité. Aaron nous plonge dans ce pays ravagé par les conflits et ne nous lâche qu'à la dernière page, cynique et mémorable. De l'autre côté use d'une narration millimétrée et montre la progression psychologique des deux protagonistes. C'est intéressant, prenant et l'album bénéficie en sus d'un visuel de haute facture. Cameron Stewart a un trait réaliste et un vrai sens du détail. Pour l'anecdote, l'artiste s'est même rendu sur les lieux pour s'imprégner des décors. La présente édition inclut d'ailleurs son journal de bord et nous prouve combien le Vietnam est un pays accueillant, même pour les américains, des années après un tel conflit. La guerre du Vietnam n'a pas inspiré moult bandes dessinées... Celle-ci est juste incontournable.