L'histoire :
En 1914, Galib ouvrit un restaurant nommé le Byblos dans la ville brésilienne de Manaus. La clientèle se constitua rapidement d'immigrés libanais, de juifs marocains ou de syriens. Parmi les clients, il y avait Halim, un jeune homme qui tomba éperdument amoureux de Zana, la fille de Galib et serveuse des lieux. Deux mois plus tard, il l'épousa. Assez vite, la jeune femme perdit son père et souhaita dès lors accélérer le fondement de sa propre famille. Malgré leur amour passionné, ils n'eurent pas tout de suite un enfant. Ils recueillirent Dominguas, une petite indienne gentille et attachante. Plus tard, Zana tomba enceinte, non pas d'un enfant mais de jumeaux ! Omar et Yaqub grandirent côte à côte jusqu'à leur 13 ans. Halim fut obligé de séparer les deux garçons qui se battaient pour l'amour d'une fille. Yaqub fut envoyé au Liban tandis qu'Omar resta avec ses parents et Dominguas. Cinq années plus tard, Yaqub est de retour au pays...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bien que par le passé, nous avions déjà croisé les noms de Gabriel Ba et de Fabio Moon sur quelques comics, nous ne pensions pas que les jumeaux brésiliens parviendraient à nous mettre une si grosse claque avec Daytripper. Ce récit aussi atypique qu'émouvant a installé les deux artistes dans les cœurs de nombreux lecteurs. L'été dernier, nous avons pu les retrouver dans l'adaptation d'une nouvelle brésilienne avec L'aliéniste. Cette fable a confirmé l'originalité des jumeaux dans leur façon de traiter leur récit et de jouer avec nos émotions. Fabio Moon et Gabriel Ba revisitent une fois encore un autre livre, celui de Milton Hatoum intitulée "Companhia das Letras". L'histoire est celle d'une famille, allant de sa formation aux maux qui la déchirent. Plutôt classique de prime abord, le récit se révèle au final stupéfiant. Les jumeaux sont parvenus à transposer d'une façon sobre et intelligente un ouvrage composé de nombreux personnages et où les interactions entre ceux-ci ne se dévoilent qu'à mesure que l'on progresse dans la lecture. Deux frères prend petit à petit aux tripes. Entre destin maudit et bêtise humaine, certaines décisions orientent toute une vie de façon dramatique, comme nous pouvons le voir ici. La conclusion ne manque pas de cynisme et hantera les esprits de nombre d'entre nous durant quelques nuits. Les deux artistes ont choisi le noir et blanc pour que leur récit s'épanouisse pleinement. A la manière d'un Eduardo Risso dont le trait impressionne plus encore sans couleurs, ceux des deux frangins se mêlent au point de ne plus distinguer qui fait quoi. A la lecture de Deux frères, certains s'interrogeront sur les rapports entre les deux créateurs, qu'ils soient bons ou mauvais (ils sont très bons !). Peu importe tant qu'ils remettent le couvert rapidement sur un prochain roman graphique aussi marquant.