L'histoire :
Quatorze marins assassinés ! Seul un petit homme chétif a survécu : Renfield. L’homme n’est plus dans son état normal et il est du coup interné à l’asile. On s’occupe de lui mais ses propos sont incohérents. Il mange des insectes et des mouches et n’attend qu’une chose : la venue de celui qu’il appelle son maître… Le docteur Seward est sceptique et il tente de comprendre ce qu’il s’est passé dans ce bateau et surtout dans la tête du pauvre Renfield. Il doit bien y avoir un moyen de l’aider mais lequel ? Il s’entretient avec John Harker comme à son habitude. Ils parlent justement de cette tragédie qui a eu lieu dans le bateau. John semble passionné par l’histoire de Renfield et il aimerait en savoir plus. Dans son club, un professeur un peu fou affirme que cette histoire rappelle les légendes qui viennent de l’Est sur les démons et autre fantômes qui contaminent les vivants. Le docteur sourit et balaie cette idée saugrenue. Il est persuadé au contraire que Renfield a besoin d’aide et que son sang est contaminé. Son voyage en Transylvanie a dû lui entraîner une épidémie ou une sorte de virus. John ne veut pas qu’on soigne un monstre de cette espèce mais le médecin déclare qu’il ne fait que son devoir. Il va prélever une partie de son sang pour l’analyser et tenter de le guérir si cela est possible.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dracula : certainement l’un des personnages qui a connu le plus d’adaptation dans tous les registres (théâtre, littérature, cinéma et bande dessinée). Comme le dit la préface, on croirait même que c’est l’essence du Vampire de s’étendre un peu partout et de prendre possession de la fiction… Voici donc une énième adaptation, côté comics, avec deux auteurs qui ont déjà travaillé ensemble sur The Departement of Truth. Le projet éveille d’emblée la curiosité puisqu’on lit à la fois un texte très fidèle à l’esprit du roman de Bram Stocker mais qui s’en écarte quelque peu avec des détails différents. Et ce sont ces détails qui font la différence puisqu’ils revisitent très intelligemment l’œuvre mère. Ainsi, on a une réflexion forte sur la tentation du mal et la volonté de s’émanciper des carcans de la bien pensance. Les auteurs ont voulu également redorer le personnage de Renfield en lui offrant une place bien plus conséquente, bien plus touchante également. Ces petites touches offrent un nouveau regard tout en gardant profondément l’essence du roman originel. Et puis, James Tynion IV sait aussi laisser la place au visuel et de ce point de vue là, le résultat est sidérant ! Martin Simmonds est tout simplement au sommet de son art, tutoyant des artistes comme Dave Mc Kean. Ses couleurs directes vaporeuses nous plongent d’entrée dans un méandre de brouillard, empli de ténèbres et de sang. Dracula lui-même est à mi-chemin entre l’élégance et le visage de Bela Lugosi et la violence et la sauvagerie de Christopher Lee. Il est surtout art libéré et surréaliste et chacune de ses apparitions donnent lieu à des explosions graphiques à la fois envoûtantes et effrayantes. Une superbe réécriture d’une œuvre mythique.