L'histoire :
Superman est devenu l’être le plus recherché de Metropolis. Il faut dire aussi qu’il a assassiné Lex Luthor. Il revit tous les jours la même scène : constamment enfermé, il parvient toujours s’échapper. Poursuivi par Bizarro numéro un, il est toujours repris et arrêté. Cette fois, Superman est lassé et tente de résister de toutes ses forces. Il se bat violemment avec Bizarro et atterrit dans la compagnie UCS, l’Unité des Crimes Spéciaux. Il demande de l’aide à une belle femme qui se trouve dans le bureau : Loïs Lane. Non content de ne pas l’aider, Lane lâche les chiens sur lui. Superman est à nouveau prisonnier. Bizarro l’amène à Salomon Grundy. Il est à nouveau enfermé dans… l’asile d’Arkham. Pendant que la belle Loïs Lane est troublée par la venue de ce super criminel, Superman sent qu’il y a quelque chose qui cloche. Certains souvenirs enfouis dans sa mémoire resurgissent, comme le beau visage de Lane. Il sait qu’il doit à nouveau sortir de sa prison pour comprendre ce qu’il se passe exactement. Pourtant, il ne se doute pas que l’univers a totalement changé à cause d’un seul homme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
DC Comics aime à bouleverser son univers et ses personnages phares, à l’image du projet Flash Point. Cette fois, c’est Superman et Batman qui font les frais de ce relooking très spécial. Les valeurs sont inversées puisque Superman est considéré comme un super criminel alors que son ennemi juré, Bizarro, devient le héros de l’histoire ! On apprend très vite que ces changements sont dus au cerveau délirant du Joker, véritable démiurge maléfique. Jeff Loeb s’en donne alors à cœur joie pour distordre le monde DC. Les surprises sont nombreuses : Loïs Lane est une femme qui change de personnalité comme elle change de perruque ; Batman subit le même sort que Prométhée, torturé tous les jours par la haine du Joker, Lex Luthor n’est plus qu’un bouffon… Cependant, les auteurs vont encore plus loin dans le cirque provoqué par l’imaginaire malade du Joker : les personnages de la Justice League deviennent des caricatures affligeantes comme Flash, qui court uniquement pour trouver plus d’aliments à dévorer, ce qui lui vaut le nom de Flask ! Les cartes sont brouillées par le jeu de l’Empereur qui refaçonne le monde à son image : un mode où règne la folie et la mort. Toutes les fantaisies narratives sont dès lors possibles : des blagues plus que douteuses sur des objets du décor, des dialogues surréalistes (notamment avec le langage bizarre de Bizarro) et les nombreuses mises en abyme de l’histoire (le Joker n’hésitant pas à parler de comics !). Le lecteur, à l’image de Superman, est complètement désarçonné devant tant de délires et d’audaces visuelles et narratives. Alan Moore avait utilisé le même procédé avec Captain Britain dans lequel la réalité était totalement à la merci du cerveau malade de James Jasper, mais avec certainement beaucoup plus de finesse. Malheureusement, ici, les excentricités du Joker deviennent très vite insupportables. Certaines trouvailles sont grossières et plusieurs dialogues sont d’une vulgarité affligeante. De plus, tout va trop vite et l’histoire sert de prétexte à multiplier les événements excentriques. Même si l’ensemble est assez fidèle à un univers tel que pourrait le reconstruire le Joker, on a du mal à apprécier ce patchwork de blagues faciles et de détournements super héroïques. Le final est à l’image du reste : rapide et dénué d’émotions. Le dessin participe également à cette impression de gâchis. Le graphisme est par trop enfantin, même si certaines planches sont éclatées et représentent bien la destruction opérée par le Joker. L’idée de base est pourtant intéressante mais le traitement est bien trop brouillon. Un projet osé mais trop farfelu.