L'histoire :
Elle le pourchasse sans relâche et il a beau fuir, elle continue à le suivre. Il est si énorme qu’elle finit par être la chassée, tentant de fendre la foule pour échapper à l’immense sanglier aux yeux jaunes. Il casse tout sur son passage et se rapproche de plus en plus mais c’est mal connaître la guerrière qui se sert d’une charette pour sauter sur le toit et se retrouver au-dessus de la bête. Elle sort son épée et plonge la lame dans son échine jusqu’à son poitrail. Du moins, c’est ainsi que le raconte cet homme qui s’abreuve dans l’auberge. Mais un jeune intervient et remet en doute ces propos. On a raconté quinze mille fois cette histoire et aucune version n’est véritablement la bonne. Lui la connaît bien puisque c’est lui qui l’a créé. Cet homme, c’est Pitt, conteur érudit et talentueux. Il pose sa voix et raconte la vérité sur ce qui est arrivé à Matilde de Rumpstead. En réalité, le sanglier féroce et gigantesque n’était qu’un petit marcassin inoffensif. Ce n’est pas pour autant qu’elle a réussi à l’attraper facilement. En voulant l’arrêter, elle a provoqué un capharnaüm indescriptible dans la boutique du potier. Elle l’a ensuite poursuivi dans la rue, un vase à la main. La bête est rapide et elle est obligée de lancer le vase dans sa direction. Il se brise à quelques centimètres du petit marcassin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Oyez, oyez ! Avez-vous entendu parler de ce titre Gospel? Ce comics indé est étonnant à plus d’un titre et détonne complètement dans le paysage Urban, à commencer par sa couverture en imitation vieil ouvrage décoré d’enluminures. Will Morris nous plonge dans l’Angleterre du XVIème siècle et balaie bon nombre de sujets historiques finalement pas si éloignés de nous. On y aborde ainsi la religion, le progrès, les luttes politiques et le bien-être du peuple. De façon à la fois subtile et déroutante, le récit offre également une mise en abyme étonnante avec des personnages proches des bardes du Moyen-Age qui vivent des aventures qu’ils transforment par leur récit. Fine métafiction qui nous perd au début pour mieux nous surprendre ensuite. Ce jeu de va-et-vient sème aussi le trouble entre vérité et légende, histoire et fiction, faits du passé et conte empli de superstition. L’intrigue et les personnages sont riches à plus d’un titre et le final, digne du roman Au nom de la Rose. Une aventure surprenante et pleine de belles idées donc qui s’accompagne également d’un dessin léché et efficace. Le grand format rend hommage aux belles planches de Morris qui s’applique à représenter les scènes de la façon la plus dynamique et expressive possible. Curieux récit que voilà à chanter dans toutes les cours du Royaume !