L'histoire :
Superman est inquiet. Et ce qu'il découvre non loin du sanctuaire va l'inquiéter encore plus. Il découvre en effet plusieurs de ses amis Super-héros morts devant le havre de paix qu'ils ont construit avec Batman et Wonderwoman. Ses deux amis arrivent en trombe. Juste assez vite pour accompagner Superman dans le Sanctuaire. La vision d'horreur se poursuit à l'intérieur : Arsenal et Flash sont étendus, morts ! Qu'est-ce qui a pu provoquer cette catastrophe ? Au même moment, dans le Nebraska, Booster Gold sirote un verre, seul, dans une cafétéria minable. La serveuse est rapidement inquiète quand elle voit une nouvelle personne rentrer : une Super-vilaine fait son apparition, Harley Quinn en personne... La folle amie du Joker semble plutôt calme et commande simplement une tarte et un café. Elle s'assoit à côté de Booster et lui adresse quelques mots. Avoir une conservation normale avec Harley est difficile... et ce moment ne fait pas exception à la règle. Harley commence à chanter subitement et, d'un coup, elle sort un couteau. Alors qu'elle continue à chantonner, elle tente de poignarder le super-héros. Booster et elle se retrouvent propulsés dans les airs et Gold finit par s'effondrer, le corps lardé de coups de couteau. Ils évoquent alors les évènements du Sanctuaire, chacun s'accusant mutuellement d'avoir tué les autres super-héros...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Sanctuaire : un lieu où les super-héros se confient et se ressourcent grâce à l'intelligence de Batman, la technologie kryptonite de Superman et la bienveillance de Wonderwoman... En gros, un centre de soins psys très spécial réservé aux surhommes. C'est avec ce nouveau concept fou que Tom King démarre son intrigue. Le maître des scénarios alambiqués ne s'arrête pas là puisque, dans ce Sanctuaire, d'horribles meurtres ont décimé quelques uns de ses membres. C'est donc à la fois un récit policier à la Agatha Christie et une introspection psychique jamais vue auparavant. On était habitué à être constamment surpris avec Tom King mais là... il a fait très fort ! D'autant que le rythme est surprenant et complètement éclaté, une lente plongée trouble dans les côtés sombres et inavoués de nos personnages préférés. On oscille entre narration policière où l'enquête évolue lentement et confessions intimes des super-héros. King se régale en proposant des scènes inédites et démentes, où chaque personnage DC évoque, non sans douleur, ses failles à un psy imaginaire. Assister à des séances de psychanalyse version super-héros, il fallait y penser ! Jamais l'angle psychologique n'aura autant été abordé dans ce type d'histoire. Loin d'être un pied de nez à l'histoire des comics ou une volonté d'être original, ce concept ultra audacieux permet de rendre encore plus humain tous les personnages que nous connaissons bien. Le final est d'ailleurs déchirant d'humanité et de profondeur. Le récit est à la fois une somme et des clins d'œil à tout l'univers DC, mais il tranche tellement avec ce que l'on peut lire d'habitude, que certains lecteurs seront sûrement désarçonnés ou réfractaires. Le rythme est aussi déstabilisant, mais il y a tant de passages d'une poésie immense et d'une originalité incroyable qu'on se laissera forcément happer. Cette crise est aussi un must grâce aux dessins tout aussi incroyables de Clay Mann. À la fois élégant et ultra expressif, le style de l'artiste donne vie à des super-héros plus humains et vulnérables que jamais. Tom King plonge DC dans les méandres de la folie : « ceux que Jupiter veut perdre, il commence par leur ôter la raison ».