parution 15 novembre 2019  éditeur Urban Comics  collection Vertigo Signatures
 Public ado / adulte  Mots clés Esotérique / Fantastique - Etrange / Horreur / Independant

Jamie Delano présente Hellblazer T1

Continuant la réédition de l'univers Hellblazer, Urban aborde enfin, après une demi douzaine d'imposants tomes par d'autres grands auteurs, les origines de John Constantine. Un volume indispensable, pour tout amateur de la série.


 Jamie Delano présente Hellblazer T1, comics chez Urban Comics de Delano, Veitch, McCarthy, Ridgway, Buckingham, Rayner, Ewins, Alcala, Hoffman, Mandrake, Wood, Kindzierski, McKean
  • Notre note Blue Star Blue Star Blue Star Grey Star

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    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Blue Star Blue Star Blue Star Grey Star

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  • dessin Blue Star Blue Star Blue Star Grey Star

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©Urban Comics édition 2019

L'histoire :

Dans l’épisode introductif Original Sins, John Constantine rentre de voyage fourbu et ne peut se douter du bazar qu'il va trouver dans son petit appartement de Londres. Non seulement celui-ci pue et croule sous la crasse, frigo rempli d'insectes, mais son pote junky Gary Lester est là, couché dans la baignoire, recouvert de mouches. Une opération en urgence s'impose, d'autant plus que d'étranges phénomènes similaires mettant en scène des morts violentes liées à la nourriture et à des mouches sont signalées à New York. Le sorcier détective va devoir faire appel à son collègue vaudou Midnite, afin d'essayer de piéger le démon Mnemoth, avant qu'il soit devenu trop gros et assèche toute la population. Hanté par les fantômes des amis qu'il a côtoyés mais a laissé mourir, notre anti héros sarcastique va avoir fort affaire avec une autre entité maléfique : Nergal et le culte qui lui est voué par la Damnation Army. À l'issue du numéro 9, qui voit John interpellé par Alec Holland/la créature des marais, celui-ci va connaître une aventure parenthèse qui le mettra à nouveau en scène dans la série Swamp Thing, pour deux épisodes étonnants où il prêtera son corps à la créature dans le but de féconder Abigail. Le tome 10 débute sur un délire psychédélique, passage incontournable du volume, décrivant le retour sur terre du corps astral de Constantine, alors que Nergal, encore lui, tente de le détruire. L’épisode suivant le replonge à Newcastle et des souvenirs malheureux, expliquant comment lui et sa bande de jeunes musicos, (les Mucous Membrane, férus de magie), ont malencontreusement fait connaissance avec le démon suscité...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Le personnage de Constantine à été introduit dans la série Swamp Thing par Alan Moore dans l'épisode 37 de 1985. Ce détective de l'étrange pouvant voyager entre le monde réel et celui des morts obtient son propre titre en 1988 et passe sur label Vertigo en 1993. Jamie Delano est aux commandes et dépeint un personnage très humain, conscient de ses pouvoirs, mais fragile mentalement, assez désabusé et friand d’excès en tous genres. L'auteur décrit une Angleterre rongée par la politique austère de Margaret Tatcher et prend un malin plaisir à introduire des références personnelles engagées dans son récit. Que ce soit par le biais de réflexions ou de dialogues de Constantine ou à l'occasion de couvertures, superbement mises en images par Dave Mc Kean, comme lors du # 3 où John, passant devant un mur tagué, dévoile une affiche de campagne politique détournée. On peut y lire : « Voting Tory Can Damage Your Health », le Tory étant le parti conservateur britannique. Jamie Delano ne cache pas ses sentiments politiques et cela donne une tonalité bien percutante et personnelle à la série. Ton que l’on trouve bien sûr assez souvent dans la culture polar, mais ici encore davantage. Le numéro 76 de Swamp Thing est écrit par Rick « Brat Pack » Veitch tandis que le 77, pourtant suite directe, est repris par Jamie Delano, avec dessin de Tom Mandrake (Sidekick chez Delcourt). Ces dessins, soit dit en passant, qu’ils soient l’oeuvre de John Ridgway (Miracleman, The Invisibles chez Panini) ou de Richard Piers Rayner (Les Sentiers de la perdition chez Delcourt), avec encrage de Mark Buckingham pour ce dernier, sont très marqués années quatre-vingt dix, et leur style doit énormément au courant alternatif. Sans doute les 3 pages d’introduction « Hot » de l’épisode 7 : Pêchés originels par Brett Ewins (Judge chez Délirium) et Jim McCarthy paraitront plus « modernes » aux lecteurs d’aujourd’hui. Le propos de l’ensemble est néanmoins tellement « littéraire » (on peut même trouver pas mal de poésie à la prose de Jamie Delano), que le graphisme à plutôt tendance à passer au second plan, même s’il est difficile de ne pas trouver un charme à ces planches aux couleurs directes et flashy de Lovern Kindsierski. Ce tome, s'il arrive en réédition après les autres, ne doit pas être sous estimé, mais au contraire considéré comme un essentiel de la collection. D'abord parce qu'il pose pratiquement les bases concrètes du personnage, seulement esquissées par Alan Moore, introduisant cette attitude et ce langage si particuliers, très « Post Punk » pourra-t-on dire, que Constantine aborde. Jamie Delano a mis beaucoup de lui dans cet antihéros nonchalant et désabusé, qui à l'air davantage de subir les événements que de les provoquer. Ses erreurs participent à la grande culpabilité qu'il se traine au fil des épisodes, le rendant si fragile aux yeux des créatures de l'au delà. Les auteurs suivants ne feront, et même si c'est avec talent, que reproduire voire accentuer cet état de fait. On notera aussi un penchant pour les scènes sexuelles (John avec Zed ou avec Abigail, en vrai ou dans des rêves/cauchemars fantasmatiques déroutant) et une violence assumée, souvent tributaires de phénomènes diaboliques. Un must du comics alternatif, à l’origine, et vitrine de feu le label Vertigo.

voir la fiche officielle ISBN 9791026815907