L'histoire :
Joe est un jeune adolescent comme tant d'autres. Il vit avec sa mère, veuve depuis la disparition de son militaire de père et qui cherche à tout prix à conserver la maison familiale. Le jeune garçon souffre également d'une maladie métabolique : le diabète. Lors d'une sortie scolaire, Joe est pris en grippe par d'autres élèves qui lui volent ses sucreries. La journée se termine sans que Joe n'ait pu consommer un minimum de sucre. De retour chez lui, l’adolescent a comme premier réflexe de monter dans le grenier, endroit qui lui sert de chambre. Joe peut alors s'occuper de son rat. Sa mère ne devant rentrer que bien plus tard, Joe s'allonge un moment. Le manque de sucre commence alors à se faire sentir. Il s'apprête à descendre en chercher, lorsqu'il a des hallucinations. L'adolescent ne sait pas si cela provient d'un effet de manque ou si le temps orageux et la pluie battante emballent son imaginaire. Alors qu'il avance doucement vers la sortie, Joe chute, le monde tout autour de lui n'est plus le même. D'un simple rat, Jack est devenu un guerrier et les jouets qui trainaient ici et là bougent également...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Grant Morrison fait partie des scénaristes favoris des lecteurs de comics. Aussi à l'aise dans les séries de super héros que dans des récits plus indés, l'auteur a délivré de bien jolis pépites. Joe, l'aventure intérieure est assurément l'une d'elles. L'histoire est simple de prime abord. Elle raconte le quotidien de Joe, un adolescent diabétique qui devient le héros d'une aventure peu banale alors qu'il manque de sucre. Plonge-t-il dans un monde fantastique où ses jouets et sa maison sont le décorum ? Ou bien est-il victime d'une gigantesque hallucination ? Entre ces deux voies, Grant Morrison navigue aisément. Il multiplie les pistes pour mieux divertir son lecteur et l'emmener dans un lieu où l'imagination n'a plus de limite. Celle-ci trouve sa libre expression dans les dessins de Sean Murphy. Ce n'est pas la première fois que l'artiste nous bluffe cette année (American vampire legacy, Les chroniques d'Hellblazer) et il s'impose un peu plus comme une des révélations de ces dernières années. En plus d'imposer un trait original sur ses personnages, le dessinateur offre des décors incroyables. Le niveau de détails est assez hallucinant et ne perd pas que Joe dans cette aventure ! On voit des jouets, des photographies, des meubles, etc. L'artiste a été assez loin dans le design de cet univers et il parvient à sublimer un peu plus le récit subtil à souhait de Morrison. Voici une lecture salvatrice et hautement conseillée qui bénéficie en outre de la traduction avisée du romancier Martin Winckler.