L'histoire :
La nuit tombe progressivement lorsque le sol vibre de plus en plus fort. Au milieu du paysage aride, une capsule de survie sort de terre. Un homme, nommé John Prophet, s'en extrait et retrouve progressivement ses esprits. Une créature carnivore, un tunalka, s'approche discrètement de lui et se jette sur l'homme. John saisit le couteau qu'il porte à la ceinture et après quelques minutes, tue le monstre puis le cuisine pour le manger. Une fois repu, il marche. L'Humanité a quasiment disparue et les derniers survivants se chargent de diverses missions. John Prophet est à la recherche du contact qui, sur cette planète aride, lui donnera sa mission. L'homme traverse plusieurs sites, de la forêt à la plaine en passant par la montagne. A chaque fois, il croise des monstres étranges. Or, l'une d'entre-eux est le contact qu'il cherche tant. L'objectif est d'activer une balise envoyant dans tout le cosmos un signal réactivant d'autres clones humains...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
John Prophet est l'un des héros de Youngblood, une série créée par le fantasque Rob Liefeld au début des années 90. Souhaitant par dessus tout raconter les aventures de son personnage, le dessinateur créa quelques mois après Prophet. Plusieurs épisodes sortirent avant que la série ne périclite. Malgré plusieurs tentatives les années suivantes, rien ne semblait indiquer un retour de la licence. C'est finalement en 2012 que Rob Liefeld confia la destinée de sa série à Image Comics et à Brandon Scott Graham, un auteur complet lui aussi que l'on a découvert sur King City un peu avant. Rebaptisé John Prophet par Urban Comics, ce premier album ne revient pas sur les premiers épisodes de la série mais sur les plus récents. Brandon Scott Graham ne perd pas un instant et use d'une voix-off très immersive. Endossant une casquette de scénariste (uniquement) sur la quasi-intégralité des épisodes, il n'évoque pas les chapitres plus anciens et se joue des zones d'ombre pour mieux captiver son lectorat. John Prophet, le héros, se réveille au milieu de nulle part et traverse de nombreux endroits dangereux afin de retrouver quelqu'un et de connaître sa mission. C'est à ce moment là que l'on comprend que l'Humanité n'est plus très vivace et que le protagoniste doit tout faire pour l'aider à retrouver sa splendeur d'antan. L'ambiance ressentie est assez étonnante, presque hors norme dans le milieu des comics. Assez calme et jouant sur un côté contemplatif, le récit se veut presque l'écho américain de certaines créations de Mœbius du type Arzach voir même d'Hayao Miyazaki pour le décorum d'un Nausicaä. A la façon d'Elephantmen, John Prophet n'est pas illustré que par un seul et unique dessinateur. Simon Roy réalise trois épisodes assez basiques mais qui gagnent en qualité. Par la suite, Farel Dalrymple offre un trait plus réaliste alors que Brandon Scott Graham, quant à lui, conserve son style atypique. Enfin, Giannis Milonogiannis et Emma Rios complètent le bilan, qui sans être exceptionnel, reste très correct. Mystérieux et assez ambitieux, ce début de John Prophet mérite d'être découvert, pour peu que l'on recherche un récit sortant des entiers battus du comics.